L’importante couverture médiatique entourant cet événement témoigne de l’attention particulière que le Royaume-Uni accorde à ce centre, destiné à devenir un acteur central dans la recherche de traitements génétiques révolutionnaires, avec des implications profondes pour des millions de patients, tant en Grande-Bretagne qu'à l'international.
Le lancement du GTIMC, en présence notamment de l’ambassadeur du Maroc au Royaume-Uni, Hakim Hajoui, a mis à l’honneur le Royaume, puisque le centre est placé sous la houlette du professeur marocain, Mimoun Azzouz, dont l’expertise et les recherches de pointe sont au cœur de cette initiative scientifique majeure.
Cette désignation est le couronnement d’un parcours singulier d'un scientifique marocain qui a réussi à se frayer un chemin dans le monde très sélect de la recherche scientifique, plus particulièrement dans un segment aussi pointu que la thérapie génique.
Avant d’atterrir en Angleterre, le natif de Nador a signé un parcours ardu empreint de persévérance et de sérieux qui lui a permis de se positionner parmi les maitres des traitements innovants de maladies génétiques rares, transformant ainsi la vie de nombreux patients.
L’aventure dans le monde fascinant de la recherche scientifique a commencé avec un rêve, comme l’affirme le chercheur marocain, qui, fort d’un premier diplôme, obtenu à l’Université Mohammed V de Rabat, s’est lancé dans un long voyage de formation académique.
Il a, dans la foulée, décroché un doctorat en neuropharmacologie en France, alors que sa carrière professionnelle l’a mené de l'Hexagone au Royaume-Uni, en passant par la Suisse, au fil d’un tracé marqué par l'excellence et l’innovation.
En effet, depuis plusieurs années, le professeur Azzouz et son équipe sont à l'avant-garde de la recherche sur les thérapies géniques. Leurs découvertes ont ouvert de nouvelles voies pour traiter des maladies comme l'atrophie musculaire spinale (SMA) et la sclérose latérale amyotrophique (SLA), offrant un nouvel espoir aux patients et à leurs familles.
Ce travail acharné lui a valu une reconnaissance internationale puisqu'il a reçu une dizaine de prix, dont le "ERC Proof-of-Concept Award" en 2017 et le "ERC Advanced Investigator Award" en 2012. Des récompenses ad hominem de l'UE qui témoignent de sa prééminence dans la recherche biomédicale européenne.
Même le GTIMC, nouvellement créé au sein de l'Université de Sheffield, est le fruit d’un effort de longue haleine du scientifique marocain afin d’attirer une combinaison unique de financements provenant de sources publiques, privées, universitaires, caritatives et locales. "Le Centre apporte son concours à l'innovation dans le domaine de la recherche médicale pour lutter contre la maladie de Parkinson, la démence, la maladie du motoneurone et les maladies génétiques héréditaires", explique-t-il à la MAP.
En plus du GTIMC, le Pr Azzouz dirige également les équipes de recherche basées à l’Institut de neurosciences translationnelles (SITraN), qui sont chargés des programmes de découverte de thérapies géniques.
"Une fois prêts à être traduits en essais cliniques sur des patients, ces programmes peuvent être transférés au GTIMC pour permettre la fabrication de médicament selon des normes acceptables par les régulateurs, dans le but de les administrer à des patients humains", détaille le chercheur.
Les nombreuses responsabilités du professeur Azzouz à Sheffield, où il partage son temps entre le SITraN et le GTIMC, ne l’empêche pas de nourrir le rêve ambitieux de voir ses découvertes bénéficier directement au Maroc. En collaborant avec des collègues de la faculté de médecine de Rabat, il explore comment adapter ces thérapies géniques révolutionnaires aux besoins des patients marocains.
"Je cherche à établir des liens de collaboration tant au niveau de la découverte que de la recherche translationnelle, y compris les essais cliniques", relève le chercheur.
Son ambition ultime est de créer au Maroc un centre d'excellence en thérapie génique. Ce centre, selon lui, serait une aubaine pour les étudiants, scientifiques, cliniciens, et surtout pour les patients marocains.
Le projet du professeur Azzouz pour son pays d'origine, avec lequel il entretient un lien affectif très fort, transcende la médecine. Il voit dans ce futur centre un levier d’innovation et de croissance économique capable de générer des emplois, d’attirer des investissements et de soutenir la création de startups dans le domaine des biotechnologies, à l’image des entreprises, "BlackfinBio" et "Crucible Therapeutics", qu’il a récemment co-fondées au Royaume-Uni.