Près d’un an après, Khadija se rappelle de cette terrible nuit qui a complètement bouleversé sa vie, sans pour autant entamer sa ferme volonté de tout recoller, tout rebâtir.
"Ce jour-là, j'ai perdu deux de mes filles après l'effondrement de notre habitation. Ce drame a laissé une trace indélébile de douleur dans mon âme", raconte la quinquagénaire, la voix nouée d’émotion, les yeux embués de larmes.
Khadija est la propriétaire d’un café-restaurant situé à Ouirgane, une commune rurale perchée dans les montagnes du Haut-Atlas (62 km de Marrakech).
Toujours en mouvement, elle jongle avec aisance entre la cuisine de son café et la terrasse qui donne sur le beau paysage du lac de Ouirgane, où ses clients viennent siroter leur thé à la menthe ou déguster les tajines savoureux qu’elle prépare avec soin et passion.
"Ma journée commence à l’aube. Aux premières lueurs, j’enfile mon tablier et je me mets au travail", reprend-elle le visage subitement illuminé d’un radieux sourire.
Le travail consiste à mijoter de ses mains expertes des plats exquis dont l’odeur embaume tout le voisinage, le tout dans la joie et la bonne humeur.
Un sourire par-ci, des mots bienveillants par-là, elle a su faire de son café-restaurant, bien plus qu'un simple lieu de travail, un espace d’échange, de convivialité et de thérapie collective pour sa communauté et ses clients.
Assise sur les marches de l’escalier menant à la porte de sa demeure, située dans le douar El Bour, Khadija explique comment elle a décidé, après la maladie de son conjoint il y a une dizaine d’années, de prendre le relais dans la gestion de cet établissement familial.
Le soir, à l’instar des mouettes qui regagnent leurs nids, elle est également une mère dévouée et attentionnée. Malgré ses longues journées de travail, elle trouve le temps et l'énergie de s'occuper des membres de sa famille et de partager des moments de complicité avec ses filles, toujours promptes à l’aider dans les tâches quotidiennes.
Un autre jour se lève sur Ouirgane. La vie reprend son cours. A l’image des oliviers millénaires qui s’agrippent à cette terre bénie, Khadija, comme tous les habitants de son village, est plus que jamais déterminée à reprendre son envol.