Devant une salle archi-comble et à une heure de grande audience, Harris, 59 ans, a fait valoir la joie, l’optimisme et le patriotisme comme essentiels pour mener sa campagne et s’assurer le soutien du maximum d’électeurs américains alors qu’elle aspire à devenir la première femme et de couleur à accéder à la Maison Blanche.
"Au nom du peuple, au nom de tous les Américains, sans distinction de race, ou d'origine, peu importe la langue parlée par vos grands-parents, au nom de vous tous j'accepte votre nomination pour devenir la présidente des Etats-Unis d'Amérique", a déclaré Harris devant une foule de supporters en liesse.
Son discours est l'épilogue d’un mois depuis que l’ancienne procureur de Californie a fait son entrée dans la course, après le désistement du président Joe Biden, poussé à la sortie par les ténors du Parti démocrate suite à une désastreuse prestation lors d’un débat présidentiel.
La candidate démocrate, qui n’a accordé jusque-là aucune interview ni tenue de conférence de presse, a saisi son discours d’acceptation, un moment historiquement très médiatisé dans la vie politique américaine, pour s’adresser directement à tous les Américains.
Après avoir évoqué son histoire personnelle comme fille d’immigrés de classe moyenne ayant réussi le rêve américain, Harris s'est arrêtée sur son parcours en tant que procureure générale de la Californie, où elle a "défendu le enfants, les femmes et les vulnérables", promettant, une fois élue présidente des USA, de défendre le droit de tout un chacun "à une vie digne et prospère", dénuée "de peur et de cynisme, une vie où tout le monde peut avoir sa chance de réussir".
La candidate n'a pas manqué de s'attaquer avec virulence à son rival républicain, avertissant que les "conséquences du retour de Donald Trump à la Maison Blanche seraient extrêmement fâcheuses", lui dont le programme "vise à tirer l'Amérique vers l'arrière".
Kamala Harris s'est également attardée sur la politique étrangère qu'elle entend mettre en oeuvre lors de sa présidence. Elle s'est particulièrement engagée à continuer de "défendre avec force l'Ukraine et nos alliés de l'Otan", tout en soulignant, en ce qui concerne la situation "dévastatrice" à Gaza, qu'il est "grand temps de parvenir à un accord qui garantisse la libération des otages, et un cessez-le-feu maintenant".
Comme lors des précédentes soirées, l’assistance euphorique a eu droit à des interventions d’orateurs de marque, dont la sénatrice et ancienne candidate à la présidentielle, Elizabeth Warren, le leader des droits civiques, Al Charpton, outre la star du Basket américain Stephen Curry, ainsi que des procureurs, qui ont travaillé au côté de Kamala Harris, l’occasion de présenter différentes facettes de la vie, de la carrière et des réalisations de la vice-présidente, en faveur de la justice sociale, de la sécurité, ou encore en matière de politique étrangère.
La convention démocrate, qui a été un passage de flambeau entre Biden et Harris, a été présentée par le parti comme un moment pour symboliser l’unité et le dynamisme retrouvé de la campagne démocrate.
Durant les quatre jours de ce conclave, les ténors du parti et nombre de célébrités se sont relayés au podium de l’immense “United Center” de Chicago pour afficher un front uni autour de Kamala Harris et son colistier, le gouverneur du Minnesota, Tim Walz, et s’attaquer de front au ticket républicain mené par Trump et le sénateur JD Vance.
Le président Biden, longuement ovationné lors d’un discours qui s’apparente à un message d’adieu, a qualifié Donald Trump de menace pour la démocratie alors que l’ex-président et star incontesté du parti, Barack Obama l’a présenté, lors d’un discours enflammé, comme un milliardaire qui ne se soucie que de lui-même, promouvant la division et la haine pour faire avancer sa carrière.
En dehors du palais des congrès, cette unité était toutefois moins palpable, et les divisions plus marquées, alors que les manifestants protestaient contre la guerre à Gaza.
Kamala Harris s’est présentée pour la première fois à l’élection présidentielle en 2019. Elle a vite terminé sa campagne avant d’être choisie par Biden pour être sa vice-présidente.
À peine trois ans plus tôt, Hillary Clinton avait perdu face à Donald Trump après une campagne qu’elle et ses défenseurs considèrent comme empreinte de misogynie et de sexisme.
A Chicago, élus et militants démocrates semblent aujourd’hui confiants : l’identité de Mme Harris en tant que femme de couleur est perçue comme un atout majeur. A moins de trois mois, la course est serrée et l’issue du scrutin reste incertaine.