Il s'agit d'un dialogue ouvert entre le pinceau et les couleurs, le créateur et le mur, l'artiste et le spectateur, que la Fondation du Forum d'Assilah orchestre chaque année en invitant une pléiade d’artistes à embellir la ville avec des fresques créatives, suscitant l'admiration et la curiosité des visiteurs.
En préparation de la session estivale de la 45è édition du Moussem culturel international d’Assilah, qui débute ce week-end, 12 artistes marocains et un artiste syrien prennent possession des murs de la ville pour peindre 13 fresques, livrant une invitation ouverte aux visiteurs et aux habitants de la ville à apprécier la beauté de ces créations, à plonger dans l’imagination des créateurs et à écouter leur dialogue avec le pinceau et les couleurs.
La liberté, étincelle de la créativité
L’artiste-peintre zailachi, Abdelkader Melehi, coordinateur de l'atelier des fresques murales, a souligné que l'artiste est libre dans le choix du thème de sa fresque et travaille avec aisance et spontanéité, en dialogue direct avec le mur, affirmant que cette approche est la clé du succès du Moussem d'Assilah depuis 45 ans
Il a précisé que cette liberté de choix fait que les fresques créées reflètent la spécificité, la diversité et la richesse de chaque génération d'artistes participant aux éditions précédentes.
Pour sa part, l’artiste peintre et calligraphe syrien Khaled Al Saai, qui participe pour la dixième fois à cet atelier avec une peinture inspirée de la calligraphie arabe, a mis l'accent sur l'importance de cette expérience dans le parcours de l'artiste, vu qu’il s’agit d’une forme de créativité directe devant le public, notant que chaque fresque entraîne de multiples suggestions, improvisations et moments décisifs, enrichissant ainsi son bagage artistique.
Quant à Hamza Abderrahim, artiste-peintre et calligraphe de Marrakech, qui participe pour la deuxième fois à cet atelier, en créant une toile bleue ornée de motifs en rouge brique, il a dit que "la source d'inspiration se trouve dans le lieu, j'adore cette ville merveilleuse", soulignant que le mur sur lequel il travaille est "chargé d'histoire et empreint de sentiments", vu qu'il été préalablement orné par une oeuvre de feu Farid Belkahia en 1978.
Assilah, pionnière du mouvement artistique
Au cours de quatre décennies et demie d'expérience en fresques murales, la ville balnéaire s'érige en pionnière du mouvement artistique au Maroc.
Ainsi, les murs d'Assilah se sont vus transformés en un musée à ciel ouvert, grâce aux fresques et aux sculptures d'artistes internationaux, tandis que ses ruelles et ses places sont devenues des galeries et des espaces d'exposition.
"Sortir l'art des galeries et l'amener dans la rue est une initiative cruciale, car elle permet aux visiteurs de goûter à l'art dans leur vie quotidienne, transformant ainsi la ville en un musée à ciel ouvert", a noté M. Melehi, mettant l'accent sur l’importance de cette démarche dans l’éducation artistique et plastique, et l'incitation des spectateurs à apprécier et interagir avec les œuvres.
L’artiste Hamza Abderrahim a estimé que "la ville d’Assilah est devenue un emblème de la dynamique artistique au Maroc et dans le monde", tandis que Khaled Al Saai a affirmé que "la participation au Moussem d’Assilah est un témoignage de créativité pour chaque artiste venu à la ville pour s’imprégner de savoir, d’art et d’amour".
De son côté, le secrétaire général adjoint de la Fondation du Forum d'Assilah, Taoufik Louzari, a fait savoir que "la philosophie des fresques murales à Assilah remonte aux débuts du Moussem culturel international en 1978, en instaurant une culture de créativité dans les espaces ouverts et auprès du public", notant que ce rendez vous annuel a permis aux habitants d’Assilah d'apprécier les fresques avec passion, au point de les préserver, car elles sont devenues une partie intégrante du paysage visuel de la ville.
La créativité, une plume qui s’épanouit avec l’enfant
Le Moussem culturel international d’Assilah propose également un atelier dédié aux enfants de la ville, visant à leur permettre de s'exprimer à travers le pinceau et les couleurs, une initiative marquante qui éveille leur esprit créatif dès le plus jeune âge.
Pour l’artiste peintre et coordinatrice de l’atelier de peinture murale pour les enfants d'Assilah, Kawtar Chrigui, a relevé que les fresques des enfants, qui sont réalisées en parallèle avec celles des artistes, sont un moyen pour les enfants d'apprendre les techniques de peinture et de développer leur confiance en eux, soulignant que les enfants d'Assilah sont imprégnés d'art dès leur plus jeune âge, grâce aux fresques qui ornent les murs de la médina.
Cette année, a-t-elle poursuivi, le thème choisi "Un esprit sain dans un corps sain" est une manière de célébrer le sport par l'art, précisant que ces enfants ont bénéficié de plusieurs ateliers visant à concevoir les fresques avant de transformer ces conceptions en peintures, qui ne manqueront pas d'émerveiller les visiteurs d'Assilah.
Selon M. Louzari, l'implication des enfants dans la création de fresques murales est une approche intégrée que la Fondation du Forum d'Assilah met en œuvre depuis des années pour éduquer les jeunes à la créativité, à la culture, à la confiance en soi, à l'interaction artistique en plein air, tout en développant leurs compétences.
Assilah renouvelle chaque année son rendez-vous avec des fresques devenues partie intégrante de l'identité visuelle de cette cité balnéaire, qui respire l'art et la créativité, et qui a misé sur la culture pour son développement grâce au travail assidu de la Fondation du Forum d'Assilah.