Sa détermination à choisir lui-même le mouton pour le sacrifice est un rituel sacré qu'il ne délègue à personne, et ce, en dépit du poids des années. Accompagné de deux de ses fils, il arpente les allées du marché, scrutant chaque animal avec un œil d’expert.
Il examine attentivement les moutons, évaluant leur état de santé, leur force et leur conformité aux exigences religieuses, expliquant à ses petits-enfants les critères à rechercher : un pelage sans défaut, une stature robuste, et des yeux vifs, transmettant ainsi un savoir-faire ancestral et un héritage précieux qu'il lègue à sa progéniture. Pour lui, la recherche du mouton idéal n’est pas une mince affaire !
Bien que les temps aient changé et les modes de vie se soient transformés, les Marocains, à l’image de Hajj Lahcen, demeurent attachés à cette fête, la plus importante du calendrier musulman.
Occupant une place centrale dans les us et traditions marocaines, cette célébration revêt non seulement une profonde signification religieuse mais reflète également un riche legs de coutumes et de valeurs authentiques.
La plus marquante étant le sacrifice du mouton. Juste après la prière de l’Aid qui rassemble les fidèles, la coutume commande au chef de famille d’égorger le bélier en utilisant un couteau bien aiguisé, le tout dans le respect des rites religieux.
Une fois l’acte du sacrifice achevé, il guide toute la famille, du plus jeune au plus âgé, dans les tâches qui en découlent et les festivités qui y sont associées.
"Aid Al-Adha est synonyme de retrouvailles familiales, c’est l’unique occasion qui réunit tous les membres de la famille autour de la même table", a confié à la MAP, Nadia, une MRE qui veille, comme chaque année, à passer cette fête avec ses proches.
"Se rassembler, échanger les visites, déguster des plats et mets purement marocains, porter les habits traditionnels…permet de perpétuer des rites millénaires en dépit des évolutions de la société ", a-t-elle dit, notant que le plus important pour elle, c’est d’inculquer ces valeurs à ses enfants, en renforçant leur appartenance et attachement à la Mère patrie.
Un moment de partage et solidarité
Aid Al-Adha est également un moment de grande générosité. Les Marocains s'assurent que personne ne soit laissé pour compte. A cette occasion, la viande de la bête sacrifiée est partagée avec la famille, les voisins et les amis, et distribuée en faveur des plus démunis.
Ce geste de partage et de solidarité est au cœur de l'Aïd, symbolisant ainsi l'entraide et la générosité qui sont des valeurs essentielles de l'islam et de la société marocaine.
Les jours suivants, les familles préparent divers plats traditionnels à base de viande de mouton, tels que le "méchoui", les brochettes, "mrouzia" …Ces repas sont souvent l'occasion de grandes réunions familiales, où les générations se retrouvent pour célébrer ensemble cette grande fête.
“Après le sacrifice, commence le partage de la viande”, relève Mohamed en insistant sur l'importance de cette étape. "Nous offrons une partie importante de la viande aux personnes dans le besoin. C'est un moment de solidarité et de générosité", poursuit-il.
Il raconte comment, enfant, il allait de maison en maison avec des morceaux de viande, accueillant les prières et bénédictions des voisins. "Aujourd'hui encore, je veille à ce que mes enfants participent à cette tradition”, dit-il.
À travers de tels gestes de sacrifice, de partage et de solidarité, les Marocains ne font que perpétuer des pratiques ancestrales qui continuent de cimenter leur identité collective et leur cohésion sociale.