La petite, se déplaçant en fauteuil roulant, est là dans l’espoir de poursuivre sa scolarisation, elle qui vient d’achever brillamment ses études primaires, mais dont le parcours allait être freiné par l’handicap, qui s’ajoute à tant d’autres difficultés liées à la scolarisation des filles dans ce milieu rural.
Pour moins que ça, des filles de la région ont déroché, mais Salma s’est accrochée à la lueur d’espoir qu’offre cette maison d’étudiantes, espace d'accueil, d'accompagnement et d'épanouissement des jeunes filles rurales scolarisées, inaugurée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le 24 décembre 2011, et qui s’inscrit dans le cadre des projets de l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH).
A "Dar Attaliba Sidi Hajjaj Oued Hassar", Salma est accueillie à bras grand ouverts parmi les 88 pensionnaires de l’établissement. Des arrangements ont été mis en place et des accessibilités ont été installées rien que pour Salma, dont la détermination et la persévérance deviennent une source d’inspiration pour toutes les autres filles. Et les jours sont passés…
Six ans plus tard (2018), Salma décroche son baccalauréat scientifique avec mention. Et trois ans après (2022), elle obtient sa licence…
Saâdia Sbayei, présidente de l’association des œuvres sociales Dar Attaliba Sidi Hajjaj Oued Hassar, émue aux larmes par cette épopée qu’elle vient de raconter, marque une pause de deux secondes, puis poursuit sa présentation de ce foyer pour jeunes filles, exposant les différentes installations de l'établissement (bibliothèque, salle d'informatique, salle de soutien scolaire, salle polyvalente, réfectoire…) et citant tant d’autres belles histoires de filles qui ont marqué de leur empreinte leur passage par cet établissement.
Depuis sa mise en place, il y a 13 ans, "Dar Attaliba Sidi Hajjaj Oued Hassar" a profité à 918 jeunes filles. Studieuses, les bénéficiaires de cette maison d'étudiantes réalisent beaucoup mieux que le seul objectif de ne pas abandonner l’école. Bien plus élevé que la moyenne nationale (73,99% en 2023), le taux de réussite au baccalauréat avoisine ici les 90%. Et pour cause, toutes les conditions sont réunies pour garantir à ces filles issues de milieux défavorisées de décrocher leur bac haut la main (Les candidates au bac sont isolées des autres pensionnaires, soutien scolaire intensif…).
"Nous faisons de notre mieux pour que nos pensionnaires excellent, pour qu’elles aillent jusqu’au bout dans leur parcours scolaire", a souligné Mme Sbayei, dans une déclaration à la MAP.
"Aussi, l’échec scolaire n’est pas permis. Le personnel de l’établissement, à l’aide du programme de soutien scolaire, assure un suivi et une évaluation continus de la performance des étudiantes pour les aider à surmonter tous genres de difficultés d’apprentissage", a-t-elle indiqué.
Conçue initialement pour abriter 88 pensionnaires, Dar Attaliba a été étendue récemment pour atteindre une capacité d’accueil de 120 étudiantes.
Au titre de l’année en cours, 90 fillettes en bénéficient, issues des communes rurales de Sidi Hajjaj Oued Hassar, Lahraouyine, Al Majjatia Oulad Taleb, Médiouna et Tit Mellil.
"Depuis l’inauguration de cette maison d’étudiantes par Sa Majesté le Roi, le Comité préfectoral du développement humain (CPDH) veille à l’accompagnement de l'association des œuvres sociales Dar Attaliba Sidi Hajjaj Oued Hassar, à travers la conclusion de conventions ayant permis d'assurer un soutien financier annuel de 200.000 DH, couvrant les charges de logement, de nutrition, de soins médicaux et de soutien scolaire au profit des pensionnaires", a précisé Saïd Chakir, chef du service Impulsion du capital humain des générations montantes, relevant de la Division de l’Action sociale (DAS) à la préfecture de Médiouna.
Et ce n’est pas tout. Une contribution annuelle de 250.000 DH est accordée par la préfecture de Médiouna à Dar Attaliba en guise de soutien à la scolarisation des filles, a fait savoir M. Chakir, ajoutant que le CPDH a consacré récemment une enveloppe de 300.000 DH au renouvellement des équipements, contribuant ainsi à améliorer davantage les conditions de vie des étudiantes au sein de cet établissement.
Mme Sbayei n'a pas manqué de relever que certaines des premières bénéficiaires de "Dar Attaliba Sidi Hajjaj Oued Hassar", sont devenues aujourd’hui professeures, ingénieures ou autres, contribuant, à leur tour, activement au développement social de leur pays. Telle est la finalité de l’Initiative Nationale pour le Développement Humain.