S’exprimant à l’ouverture des travaux du 8è Sommet des Présidents des Parlements membres de l’Assemblée parlementaire de l’Union pour la Méditerranée (l'AP-UpM), M. Talbi El Alami a indiqué que plusieurs facteurs sapent la coexistence, la coopération et l’entente, et menacent de dissiper tous les espoirs qui ont surgi suite au lancement du processus de Barcelone, aux Accords d’Oslo et à la Conférence de Madrid sur la paix au Moyen-Orient.
"Les défis auxquels fait face notre région euro-méditerranéenne se sont aggravés et ont engendré de nouveaux dilemmes qui freinent l’entente et minent les relations bilatérales et multilatérales entre les pays de la région et les groupes régionaux", a-t-il relevé, faisant savoir que la paix au Moyen-Orient semble aujourd’hui plus loin que jamais, car le sang qui coule à Gaza, la destruction massive qu’elle subit et la privation de ses enfants de leur droit à la vie et à jouir de leurs droits humanitaires nous interpellent tous, augmentent le degré de la haine et nourrissent le terrain déjà fertile de l’intolérance et de l’extrémisme.
Dans ce sens, M. Talbi El Alami, Président de l’Assemblée parlementaire de l’Union pour la Méditerranée, a appelé à s’orienter vers les racines de ce conflit, c’est-à-dire mettre fin à l’occupation israélienne des territoires palestiniens comme le dictent la légitimité internationale et les résolutions onusiennes y afférentes, rappelant que le Royaume du Maroc, que ce soit sous le règne de feu Sa Majesté le Roi Hassan II, que Dieu l’ait en sa Sainte miséricorde, ou de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, Président du Comité Al-Qods, a toujours été proactif et favorable au droit palestinien inhérent, basant ses initiatives sur l’appel à une paix fondée sur la justice, la solidarité et la coexistence entre les peuples de la région.
M. Talbi El Alami a, par ailleurs, souligné que la région est menacée par d'autres anciens et nouveaux défis, y compris les répercussions des déséquilibres climatiques et de la pollution, faisant remarquer que la mer Méditerranée est considérée comme la plus exposée au stress, où des tonnes de polluants sont déversées, causant de graves dommages aux ressources et à la vie marines.
"Par ailleurs, le couvert forestier diminue de manière alarmante en raison de la sécheresse, des incendies, de l'exploitation excessive des sols et de leur exposition au stress", a-t-il ajouté.
Outre les conséquences de ces défis sur la vie humaine, entraînant des déplacements, ainsi que sur la diversité végétale et animale, M. Talbi El Alami a noté que l'humanité risque de perdre l'une des sources de nutrition les plus riches, diversifiées et bénéfiques au monde, les espaces touristiques parmi les plus beaux de la planète, et une partie importante du patrimoine naturel humain, sur lequel ont été fondées les civilisations les plus anciennes et les plus riches.
Et d’ajouter que ces défis et facteurs, ainsi que d'autres en dehors de l'espace euro-méditerranéen et au-delà, contribuent à une augmentation frappante du phénomène de la migration irrégulière, de l'asile et du déplacement, avec les tragédies humaines qui les accompagnent.
Mettant en relief des modèles réussis d'intégration et de gestion collective du phénomène de migration irrégulière entre le Nord et le Sud, comme en témoigne le modèle bien connu de coopération multifacette entre les Royaumes du Maroc et d'Espagne dans le traitement du phénomène, le Président de la Chambre des Représentants a appelé l’ensemble des partis, des forces, des intellectuels et des institutions démocratiques dans le Nord, à inverser l'équation liant les problèmes des sociétés européennes au phénomène de la migration, à faire face au discours xénophobe et à se souvenir des rôles historiques des migrants dans les économies de plusieurs pays européens, ainsi que des contributions de nombreux d’entre eux, de leurs enfants et de leurs concitoyens au rayonnement scientifique, culturel et sportif de ces pays.
Sur un autre registre, M. Talbi El Alami a rappelé que malgré les défis croissants et les facteurs qui ne facilitent pas la réalisation des nobles objectifs pour lesquels le processus de Barcelone et le bras parlementaire de la coopération euro-méditerranéenne, des partenariats économiques ont réalisé beaucoup de progrès grâce à la vitalité et à l’adhésion du secteur privé sur les deux rives, ainsi qu'aux accords bilatéraux et multilatéraux avancés.
"Cependant, nos échanges nécessitent toujours plus de sécurité juridique et d'engagement politique de la part de toutes les parties pour les protéger des caprices des lobbies d'intérêts étroits et des tendances idéologiques extrêmes exploitées par des partis ayant intérêt à nuire à la liberté du commerce et des échanges commerciaux et à maintenir la région captive de la logique de la guerre froide et de son idéologie", a-t-il relevé.
Dans ce sens, il a appelé les parlements nationaux et le Parlement européen à "veiller à la consolidation des accords conclus par nos pays et garantir leur sécurité juridique pour faciliter leur mise en œuvre sans entraves, et ne pas les laisser soumis aux caprices de certains".
Le Président de l’Assemblée parlementaire de l’Union pour la Méditerranée a, par ailleurs, souligné que "la réalité de la fragmentation qui caractérise l’ordre mondial, ainsi que les menaces auxquelles nous sommes confrontés ensemble et l'entrée de nouveaux acteurs internationaux dans les équations des conflits internationaux, y compris les organisations terroristes, tout cela nous appelle plus que jamais à aborder nos partenariats avec l’intention de les renouveler, en respectant toutes les parties impliquées, en soutenant le droit de chaque État à son intégrité territoriale et à sa souveraineté, et en luttant contre les tendances séparatistes qui bénéficient de la tromperie politique et médiatique pour obtenir le soutien, semer la terreur et la violence, et alimenter le cycle de la violence, notamment lorsque leurs intérêts s'alignent objectivement avec ceux des groupes terroristes".
Et d’affirmer que le Maroc, fidèle aux traditions de cohabitation, de coexistence, de modération et de liberté, ne ménagera aucun effort pour poursuivre son engagement constructif dans le renouvellement du partenariat euro-méditerranéen