"Etant donné la complexité des problématiques de gouvernance océanique, l’intégration des connaissances locales et régionales s’avère indispensable pour aborder les spécificités environnementales, économiques et culturelles de chaque région", a-t-il indiqué lors d’un Side-event placé sous le thème “Vers un groupe intergouvernemental pour la durabilité des océans: le rôle de la science et l'action politique”, tenu au pavillon de l’Union européenne à la COP28.
M. Sadiki a également insisté sur l’importance de la mise en place des mécanismes et instruments nécessaires pour soutenir la recherche océanique.
Dans son intervention, le ministre a cité l’évolution récente du secteur halieutique au Maroc comme exemple concret de l’intérêt majeur de la connaissance scientifique fiable pour la prise de décision.
La durabilité des océans est capitale pour le Royaume du Maroc, sachant que sa vocation halieutique sur les 3.500 km de côtes maritimes dépend du maintien de l’océan mondial en bonne santé et d'une préservation effective des écosystèmes marins et des ressources halieutiques, a-t-il dit.
Il a également relevé que grâce à la stratégie Halieutis de développement de la pêche, le Maroc a fortement investi dans la recherche halieutique, dotée d’un réseau de centres de recherche et d’une flotte de six bateaux de recherche visant l’exploration, la compréhension des écosystèmes marins et la prospection des ressources halieutiques, ainsi que la surveillance des conditions environnementales et océanographiques le long des côtes en Méditerranée et en Atlantique.
La recherche scientifique fournit la base de prise de décision pour une gouvernance du secteur, basée sur des fondamentaux d’une exploitation durable des ressources halieutiques sur les dimensions temporelle, via le planning du repos biologique, et territoriale à travers le zoning, a-t-il expliqué.
Cette politique, a-t-il poursuivi, a permis d’accompagner durablement le développement du secteur, notant que la production halieutique a doublé entre 2010 et 2022 sans compromettre l’intégrité des stocks halieutiques, que plus de 95% des captures sont gérées par des plans d’aménagement établis sur des données scientifiques mises à jour en permanence et que les évaluations entreprises par recherche halieutique ont permis d’ajuster l’exploitation aux fluctuations naturelles, exacerbées par les effets du changement climatique.
M. Sadiki a également souligné que pour préserver les écosystèmes marins, le Royaume a mis en place des Aires Marines Protégées, où la pêche est réglementée sur la base d’éléments scientifiques fiables et précis, mettant l'accent sur l’adhésion des pêcheurs à une gestion durable du secteur.
Le ministre a exprimé, à cet égard, le soutien fort du Maroc à l’initiative du Panel intergouvernemental pour la durabilité des océans (IPOS), soulignant que la concrétisation de cette initiative est essentielle pour établir un lien plus étroit entre la connaissance et l’action politique, en réunissant toutes les parties prenantes pour la co-construction d’un processus d’atténuation et de préservation.
"Il est crucial de rendre les résultats de la recherche accessibles à tous les décideurs, particulièrement dans un contexte où les défis liés au changement climatique et à la dégradation des océans sont de plus en plus complexes à l’échelle mondiale", a-t-il conclu.
Dans une déclaration à la presse, M. Sadiki a expliqué que ce panel intergouvernemental pour la durabilité des océans est non seulement capital pour améliorer la prise de décision en faveur de la durabilité, mais pourrait contribuer à une plus grande prise de conscience de l’urgence d’investir massivement dans le développement de la recherche et connaissance océaniques dans toutes les régions de l’océan mondial.
Pour sa part, la Directrice générale des affaires maritimes et de la pêche à la Commission européenne, Charlina Vladimirova Vitcheva, a affirmé que le Maroc est un leader qui oeuvre, aux côtés de l'UE, à mettre la cause des océans au centre de l’Agenda mondial, non seulement du point de vue du changement climatique, mais aussi sur un plan plus global.
“Notre objectif commun est de protéger les océans de trois défis, à savoir le changement climatique, la perte de biodiversité et la pollution”, a-t-elle déclaré, soulignant l’importance d'intégrer le thème des océans dans le Bilan mondial, sur lequel les négociations sont toujours en cours à Dubaï.
Lors de ce panel de haut niveau, animé par des ministre, experts et leaders de premiers plans des quatre coins du globe, les débats ont porté sur les besoins en connaissances requis pour protéger les océans, ainsi que l'ampleur et le genre de soutien scientifique nécessaire en vue de solutions innovantes pour la durabilité des océans.