En visite au Maroc pour prendre part aux Assemblées annuelles de la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international (FMI), qui se tiennent à Marrakech, la responsable européenne a également qualifié ces réunions "d’étape historique" dans le processus de réforme des Banques multilatérales de développement (BMD).
1- Les Assemblées annuelles de la BM et du FMI se tiennent sur le sol africain pour la première fois depuis 50 ans. Comment cet événement phare peut-il contribuer à renforcer le partenariat UE-Afrique ?
Il s'agit en effet d'une réunion historique. Et je suis très heureuse d'être au Maroc, à Marrakech, une ville que j'aime beaucoup. Je pense qu'il est important de signaler au reste du monde que le rôle de l'Afrique ne cesse de s'accroître.
L'Afrique est un continent qui compte 1,3 milliard d'habitants, dont une grande majorité a moins de 30 ans. Ce continent est donc très dynamique, plein d'énergie, d'enthousiasme et, bien sûr, de jeunesse.
Du point de vue de l'UE, nous avons adopté la nouvelle stratégie africaine il y a trois ans et demi et nous voulons approfondir notre coopération avec le continent. C'est pourquoi nous avons également mis en place une stratégie d'investissement pour l'Afrique pour une enveloppe budgétaire s'élevant à 150 milliards d'euros. L'objectif est de soutenir les transitions verte et numérique en Afrique. Nous investissons dans l'énergie, l'infrastructure numérique et les corridors de transport, mais aussi dans la connectivité soft, comme l'éducation, la santé et la recherche.
Je pense que la voix de l'Afrique se fait entendre, haut et fort. Ces Assemblées à Marrakech en sont un exemple, d’autant plus que l'Union africaine fait désormais partie du G20. La communauté internationale souhaite également accorder plus d'attention à l'Afrique et lui réserver une place plus importante dans la gouvernance mondiale.
Nous sommes tous d'accord pour dire que notre première priorité est, sans aucun doute, d'éradiquer la pauvreté. Dans le même temps, nous devons accorder plus d'attention au problème du changement climatique et améliorer la résilience de nos pays partenaires les moins avancés, ainsi que dans les pays à revenu moyen inférieur, qui sont les plus vulnérables face aux catastrophes et aux désastres climatiques.
2- Le Maroc est un partenaire clé de l'UE en Afrique et dans la région méditerranéenne. Comment imaginez-vous l'avenir de ce partenariat stratégique privilégié et comment peut-il contribuer à renforcer les relations de l'Europe avec l'Afrique subsaharienne ?
Le Maroc est en effet un partenaire stratégique de l'Union européenne et je tiens à le remercier pour son hospitalité. Il a été un hôte formidable. En même temps, bien sûr, je veux aussi souligner notre solidarité suite au séisme tragique que le pays a malheureusement connu récemment. L'Union européenne fait preuve de solidarité envers le Maroc et nous sommes également prêts à soutenir le pays dans ses efforts de reconstruction après ce tremblement de terre. Mais je pense qu'en général, en ce qui concerne notre coopération et nos relations bilatérales, le Maroc est un partenaire commercial très important pour nous.
Le commerce est très actif entre les deux parties. Nous soutenons aussi la transition verte du Royaume, ainsi que les efforts d'adaptation au changement climatique.
En outre, nous investissons dans l’élément humain, notamment les jeunes. Il est important, par exemple, que nous ayons un programme d'échange d'étudiants très actif. Nous aidons aussi le pays à lutter contre les inégalités et à améliorer l'inclusion sociale.
Je vois donc de nombreuses possibilités d'approfondir notre coopération à l'avenir. Et d'un point de vue continental, le Maroc est un acteur majeur et agissant en Afrique.
3 - Les Banques multilatérales de développement (BMD) envisagent des réformes majeures. Dans quelle mesure les Assemblées annuelles BM/FMI à Marrakech pourraient-elles donner un nouvel élan à cet agenda ?
Nous sommes tous d'accord pour dire que notre première priorité est sans aucun doute d'éradiquer la pauvreté. Nous devons réduire la pauvreté dans le monde. Mais en même temps, nous devons également accorder plus d'attention au problème du changement climatique. Nous devons améliorer la résilience de nos pays partenaires les moins avancés, ainsi que dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, qui sont les plus vulnérables.
Nous devons être en mesure de combiner ces deux objectifs. C'est pourquoi nous devons procéder à une réforme de la Banque mondiale, mais aussi de l'architecture financière mondiale. L'Union européenne soutient fortement cet objectif.
Lors de ces réunions ici à Marrakech, nous sommes maintenant en mesure d'avoir une nouvelle vision, une nouvelle mission, et aussi un nouveau cahier des charges pour la Banque mondiale. Je pense que cela ouvre également la voie à l'accès des pays à revenu faible et moyen au financement consensuel.
Mais il reste encore beaucoup à faire. Nous pouvons dire que ces Assemblées qui se déroulent à Marrakech sont historiques de ce point de vue, dans la mesure où les premières étapes de la réforme des banques multilatérales de développement ont été franchies ici au Maroc.