Sous le règne de SM le Roi Mohammed VI, la composante immatérielle du patrimoine national, qui couvre un vaste champ de pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir‐faire, ainsi que les instruments, objets, artefacts et espaces culturels qui leur sont associés, bénéficie, en effet, d’une attention accrue aussi bien de la part des pouvoirs publics que de la société civile, qui multiplient les efforts afin d’en sauvegarder les expressions, les manifestations et les témoignages.
Cet intérêt s’est traduit, tout d’abord, par la ratification par le Maroc de toutes les conventions de l'UNESCO en matière de patrimoine, notamment la convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, paraphée en 2006.
S’en est suivie une dynamique d’inventaire des trésors culturels immatériels dont certains ont fait l’objet de dossiers de candidature pour intégrer la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'Humanité. Le Moussem de Tan Tan fut la première pratique protégée à être inscrite en 2008 sur cette Liste qui comprend, jusqu’en 2022, douze biens culturels (11 sur la Liste représentative et un nécessitant une sauvegarde urgente), dont certains ont fait l’objet de candidatures communes avec d’autres pays du Maghreb.
Le dernier élément à intégrer le prestigieux classement onusien fut la "Tbourida". A ces 12 éléments inscrits s’ajoutent deux candidatures en cours portant sur "Les arts, savoir-faire et pratiques associés à la gravure sur métaux (or, argent et cuivre)" et "Le Malhoun, un art poético-musical populaire".
En parallèle, on assiste ces dernières années à la multiplication des festivals et événements dédiés au patrimoine immatériel, à l’instar du Festival national des arts populaires de Marrakech, du Festival des cerises de Sefrou, du Moussem de Tan Tan et du Moussem d’Imilchil, entre autres.
Tout en participant à une prise de conscience collective de l’importance de ces richesses culturelles caractéristiques de certaines régions du Royaume, ces événements dopent l’économie locale, illustrant ainsi le rôle que peut jouer le patrimoine immatériel comme vecteur de développement et de croissance.
Concernant la préservation du patrimoine culturel immatériel national, "Morocco Heritage Label", un projet unique en son genre, a été lancé récemment par le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, tandis que des avancées importantes ont été accomplies dans le projet d’élaboration du label et des signes distinctifs de ces éléments du patrimoine immatériel. Le but de ces initiatives est de "protéger l'identité du Royaume et de préserver son patrimoine culturel contre les tentatives d’usurpation, à travers toutes les voies légales et mécanismes à la disposition prévues par l'UNESCO", comme l’a affirmé le ministre en charge de ce département, Mohamed Mehdi Bensaid à l'ouverture de la 16ème édition du Moussem de Tan-Tan, le 8 juillet.
En reconnaissance de l’adhésion ferme du Maroc aux efforts internationaux pour la préservation du patrimoine immatériel mondial et de son action agissante en faveur de la conservation et de la valorisation de son propre patrimoine, l’UNESCO a choisi Rabat pour abriter la 17ème session de son Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, tenue du 28 novembre au 3 décembre 2022 sous la présidence du Royaume.
Dans le message adressé aux participants à cette grand-messe mondiale du patrimoine culturel immatériel, SM le Roi a annoncé la création d’un Centre national pour le patrimoine culturel immatériel, qui aura pour missions de poursuivre l’inventaire méthodique du patrimoine national à travers le Royaume et de mettre en place une base nationale de données pertinentes, en plus d’organiser des formations académiques pour renforcer les capacités des professionnels chargés des mesures de sauvegarde et de sensibiliser les jeunes générations à l’importance du patrimoine culturel.
Le Souverain a mis l’accent dans ce message sur la nécessité de numériser le patrimoine culturel dans toute sa richesse et le patrimoine immatériel dans toute la diversité de ses composantes, relevant que cette opération doit être menée en totale synergie avec les évolutions du monde et à la lumière des défis numériques et technologiques auxquels il fait face.
Il s’agit là d’un enjeu d’avenir pour protéger beaucoup de richesses culturelles immatérielles extrêmement fragiles qui sont menacées de disparition. Car, comme le signale l’anthropologue et professeur habilité à l'Institut national des sciences de l'archéologie et du patrimoine (INSAP), Ahmed Skounti, "il est infiniment plus aisé de conserver un objet, un site ou un monument que de préserver un savoir-faire, une coutume, une danse ou un chant", puisque ces dernières expressions "partagent la particularité d'être une ressource non renouvelable, chaque partie ou aspect qui disparaît étant à jamais perdu".
"Au moment où se poursuit la disparition de pans entiers de la production immatérielle des sociétés et de leurs détenteurs; au moment où se pose le problème de la propriété intellectuelle à l'échelle mondiale, la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel devient une affaire urgente et nécessaire à la fois", indique M. Skounti, consultant de l'UNESCO ayant participé à la rédaction de la Convention du patrimoine culturel immatériel (2003), dans une étude sur "Le patrimoine culturel immatériel au Maroc: Promotion et valorisation des Trésors Humains Vivants".
Fidèle à son engagement en faveur du patrimoine culturel immatériel, le Maroc continue de jouer, sous la conduite éclairée de SM le Roi Mohammed VI, un rôle prépondérant pour assurer sa protection en tant que réservoir de la mémoire collective et témoin vivant de l’exceptionnelle richesse de la culture marocaine.