Trois ans après son élaboration, ce programme, qui a fait l'objet mardi 09 mai dernier, d'une séance de travail présidée par SM le Roi Mohammed VI, a été doté cette année d'un investissement supplémentaire de taille, portant son budget global à 143 milliards de dirhams (MMDH). Objectif : Accélérer ledit programme et actualiser sa consistance.
Il s'agit notamment d'accélérer le projet d'interconnexion des bassins hydrauliques de Sebou, Bouregreg et Oum Er-Rbia, de programmer de nouveaux barrages et actualiser les coûts d'une vingtaine de barrages prévus, en plus du renforcement de l'approvisionnement en eau potable du monde rural et de l'accélération des projets de mobilisation des eaux non conventionnelles, à travers la programmation de stations de dessalement de l'eau de mer et l'augmentation des capacités de réutilisation des eaux usées traitées.
A travers ces projets et bien d'autres mesures prévues, il est clair que le PNAEPI vise à améliorer les infrastructures nationales de l'eau et l'exploitation des nappes phréatiques.
C'est qu'a affirmé l'économiste et spécialiste des politiques publiques, Abdelghani Youmni, dans un entretien à la MAP, ajoutant que le programme constitue une innovation majeure pour limiter le gaspillage et les pertes en partie des millions de mètres cubes d'eau douces déversées dans l'océan ou perdus.
Parallèlement, M. Youmni a rappelé qu'en 2018, l’accès à l’eau potable a atteint 97%, une prouesse qui a fait du Maroc un pionnier dans la région MENA (Middle East and North Africa - Moyen-Orient et Afrique du Nord) et sur le continent africain.
Et d'expliquer que l'accès à l'eau potable est n'est pas à l'origine des grandes pertes d'eau, mais c'est l'agriculture qui consomme le plus d'eau avec 70% de consommation au niveau mondial et 87% au Maroc.
Côté gestion hydrique, l'expert a estimé que les actions clés ne sont pas seulement techniques ou juridiques, mais également structurelle, d'autant plus que les années de sécheresses connaissant une exceptionnelle alternance depuis 40 ans, et le Maroc subit de plus en plus les effets des changements climatiques avec des saisons agricoles en dents de scie, à cause de l'irrégularité des précipitations et la hausse de température.
A cet égard, M. Youmni s'est dit pour la promotion davantage du traitement et de la réutilisation des eaux usées, comme le prévoit le PNAEPI dans le cadre de la mobilisation des eaux non conventionnelles, et à réfléchir sérieusement à la production de l'électricité domestique à partir du solaire en milieu urbain et rural.
Aussi, il a souligné que le transfert de technologies permettra au Maroc de relever les défis du dessalement de l'eau de mer.
Avec 3.500 kilomètres de littoral et le nombre élevé des jours de soleil, le Maroc est en position de réussir le défi dessalement de l'eau de mer à des coûts optimisés, mais il lui faudra des joint-ventures et un transfert de technologie, a fait valoir l'expert.
En effet, le progrès que connaît marché du dessalement a motivé de nombreuses entreprises à améliorer leurs méthodes de dessalement pour minimiser les coûts. Et la technologie devrait occuper le siège du conducteur dans cette course.
Rappelons-le, le PNAEPI s'articule autour de cinq grands axes, à savoir "le développement de l'offre en eau", "la gestion de la demande et la valorisation de l'eau", "le renforcement de l'approvisionnement en eau potable en milieu rural", "la réutilisation des eaux usées épurées" et "la communication et la sensibilisation".
Alors que l'industrialisation se développe à un rythme exponentiel, et la sécurité alimentaire occupe de plus en plus d'espace dans la scène de débats mondiaux, l'environnement naturel est de plus en plus exposé à un risque de dégradation.
Dans ce contexte inflationniste et climatique, l'efficacité économique et l'efficacité environnementale des politiques publiques constituent les deux faces d'une même pièce. Il s'agit de la mise à niveau de l'efficacité de l'utilisation des ressources en eau par les systèmes agricoles et industriels.