1- Quel bilan dressez-vous du secteur immobilier en 2022 ?
Une année en demi-teinte. Les actifs immobiliers, qu'ils soient neufs ou anciens, n'ont pas connu la même conjoncture ou la même trajectoire en 2022.
L'Indice des prix des actifs immobiliers (IPAI) publié trimestriellement par la Banque Centrale et l'Agence nationale de la conservation foncière, du cadastre et de la cartographie (ANCFCC) analyse le marché de la seconde main uniquement, tant au niveau de l'évolution des prix que celui des transactions et ce, dans différentes villes du Royaume. Il ne couvre pas le marché primaire, à savoir l'immobilier neuf.
C'est donc, une analyse partielle de la réalité du marché. L'immobilier neuf n'étant couvert par aucun indice officiel, mais appréhendé seulement à travers des données éparses, glanées chez les promoteurs, les notaires, les établissements de crédit, les agents immobiliers, les architectes.
Il s'agit des remontées du terrain émanant des différents acteurs de la chaîne de valeur constituant l'écosystème immobilier, ce qui en soit, ne réduit en rien la valeur et la pertinence de ces informations également.
En 2022, il ressort que le marché immobilier secondaire, à savoir de seconde main, a connu une meilleure conjoncture que le marché primaire. Ce qui est corroboré par les derniers chiffres de l'IPAI pour le 3ème trimestre 2022.
Les indicateurs reviennent en territoire positif, et sur une année glissante, les transactions ont fait un bond à deux chiffres (+45%) alors que l'indice des prix a augmenté certes, mais somme toute de façon limitée (+1,3%).
Pour ce qui est du marché primaire, les différentes sources consultées s'accordent à dire que 2022 a été une année difficile, marquée d'abord par le renchérissement des prix des intrants et une inflation multisectorielle importante qui a impacté le pouvoir d'achat des ménages.
La hausse des prix ayant été annoncée par les acteurs immobiliers comme inéluctable dans les mois à venir pour les actifs neufs dont la mise en chantier date de 2022, il faut croire que les acquéreurs ont préféré se tourner par effet d'anticipation et/ou prudence, vers le marché de la seconde main pour aller y chercher des opportunités. Ceci est d'ailleurs confirmé par les chiffres de l'IPAI.
La réalité est que les opportunités d'investissement existent aussi bien dans le neuf que dans l'ancien, sauf que dans le neuf, il faut choisir en période de crise, le "bon" développeur. Celui qui a les moyens de tenir ses engagements tant au niveau des délais que des prix.
2- Quelles sont, selon vous, les perspectives d'évolution pour l'année prochaine ?
L'année 2023 écrira une nouvelle feuille de route pour l'immobilier. La Loi de finances 2023 en a jeté les premiers jalons, mais l'essentiel reste de donner une visibilité à un secteur vital. Après, il y a la conjoncture nationale qui est aussi dépendante d’une conjoncture mondiale mouvante, voire menaçante.
Par conséquent, restons humbles. Disons que la confiance est l'alpha et l'oméga, tant pour les opérateurs qui ont besoin de pouvoir continuer à travailler dans un secteur difficile et complexe que pour les acquéreurs qui doivent se sentir soutenus et protégés quand il s'agit de réaliser l'achat d'une vie.
3- L'année 2023 serait-elle propice pour investir dans l'immobilier ?
Je crois que c'est toujours le bon moment d'investir dans l'immobilier et ce, en tout temps, quand trois conditions sont réunies, à savoir le besoin, l'opportunité et la capacité.
En effet, il faut bien évaluer ses besoins et même être capable de les anticiper, ensuite trouver la bonne opportunité celle qui vous fait dire "j'ai fait une affaire déjà en achetant, avant de penser à la revente".
Enfin, l'examen de sa situation financière. Être en capacité de s'engager sur le long terme, car l'immobilier est un investissement au temps long qui requiert préalablement réflexion et pondération.