Face à cette situation, de nombreux eurodéputés de différents groupes au Parlement européen ont interpellé, à plusieurs reprises, le Haut-représentant de l’Union Européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, et la présidente de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen.
Le caractère répétitif, systématique et obstiné des agissements algériens requiert, selon eux, une intervention "urgente et ferme" de l’Union européenne tant les dispositions de l’accord d’association UE-Algérie, signé en avril 2002 et entré en vigueur en septembre 2005, sont largement bafouées.
Ils citent, à titre d’exemple, l’article 2 de l’accord qui stipule que "le respect des principes démocratiques et des droits humains fondamentaux établis par la Déclaration universelle des droits de l'homme inspirent les politiques nationales et internationales des Parties et constituent un élément essentiel de l’accord".
Les eurodéputés s’insurgent, entre autres, contre la situation d'au moins 266 militants du mouvement Hirak, qui "croupissent toujours dans les geôles algériennes uniquement pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression".
Les députés européens ont relevé, dans une lettre adressée récemment au chef de la diplomatie européenne, que les autorités algériennes "ont réprimé violemment les manifestations du mouvement Hirak".
Plusieurs militants et journalistes ont été arrêtés "arbitrairement" pour avoir exprimé d’une manière pacifique leurs opinions. Certaines arrestations se sont soldées par de longues peines d'emprisonnement sur la base des dispositions "ambiguës" du code pénal algérien, ont martelé les eurodéputés, évoquant également de nombreux cas de torture en détention.
Le respect des principes de l'Etat de droit, de la liberté d'expression, de la liberté de réunion et des droits des femmes doit être "une pierre angulaire de l'action extérieure de l'UE", ont-ils insisté.
Au Parlement européen, les actions belligérantes d’Alger, dans un contexte de guerre en Europe, suscitent également une "vive inquiétude".
Les eurodéputés dénoncent notamment la course "folle" du régime algérien à l’armement et ses "doubles standards".
Dans une lettre envoyée, cette semaine, à Josep Borrell et à Ursula Von Der Leyen, les eurodéputés se disent "profondément préoccupés par les récents rapports sur les liens toujours croissants entre la Russie et l’Algérie, une situation qui se traduit à travers un soutien politique, logistique et financier".
Dénonçant l’alignement d’Alger sur la Russie, les députés soulignent que "l’Algérie fait partie des quatre premiers acheteurs d'armes russes dans le monde entier, culminant avec un accord d'armement de plus de 7 milliards d'euros en 2021".
En suivant cette voie, l'Algérie viole, encore une fois, un pilier primordial de l'accord d’association, estiment-ils, appelant les institutions européennes à agir "vite et fermement".
Il est essentiel que l'UE explore les actions nécessaires pour s'assurer que ceux avec lesquels l'Union a conclu des accords d'association ne tentent de financer la guerre, relève la lettre, appelant les responsables européens à "exhorter l'Algérie à signer et à ratifier le Traité sur le commerce des armes des Nations unies, qui réglemente le commerce international des armes classiques, en fixant les normes internationales les plus élevées en la matière".
D'après les eurodéputés, l’UE doit envoyer un message clair à l’Algérie et ne plus tolérer pareils agissements.