"Les choses étant ce qu’elles sont, ces nouvelles Assises seraient la voie appropriée pour sortir de l’ornière", écrit M. Maâninou dans une chronique intitulée "Décisions douloureuses", publiée sur le site d’information "Quid.ma".
Elles seules, explique-t-il, "sont à même de fédérer des énergies créatives en mesure de procéder à une dissection précise de l’état des lieux dans une optique prospective tenant compte à la fois de l’évolution des outils modernes de communication et des mutations profondes que connaît en permanence la cible des médias, l’opinion publique en l’occurrence".
"Les réticences accommodantes à affronter la réalité, la propension à se complaire dans la générosité de l’Etat, voire la persistance dans l’exigence davantage de soutien étatique pour seulement poursuivre une production éditoriale inefficiente, dictent un sursaut collectif devenu urgence", soutient le journaliste-écrivain.
Aujourd'hui, "les ventes groupées de l'ensemble des dix-huit titres nationaux avoisine à peine les 30 mille copies, soit le 1/10ème de ce que les Marocains consommaient il y a vingt ans", regrette-t-il, notant qu'"il s’agit d’une régression effrayante qui impacte fortement l’équilibre financier des éditeurs, qu’ils soient partis politiques, entreprises ou institutions".
"Pour faire face à cette sérieuse problématique, l'Etat est intervenu à plusieurs reprises", fait savoir M. Maâninou, rappelant que "Feu Sa Majesté Hassan II avait décidé, dans les années 90 du siècle dernier, d’allouer un milliard de centimes au soutien de la presse et que dernièrement, l’Etat a consacré quelques milliards pour sauver le système médiatique du naufrage".
"Au plus fort de la crise du Covid-19, l’Etat a même pris en charge, et continue, les salaires des journalistes et soutenu les éditeurs, ce qui en a fait le pourvoyeur financier principal, sinon unique du secteur", souligne-t-il.
"Face à cette crise, analystes et semi-spécialistes ont rivalisé de propositions pour sortir le secteur de l'impasse", relève M. Maâninou, expliquant que les uns préconisent de privilégier le commentaire et l’analyse, en s’appuyant, parallèlement aux supports papier, sur des pages électroniques centrées sur l’information en continu, tandis que les autres soutiennent que l'ère des journaux papiers est révolue et invitent à axer les efforts sur des plateformes de communication électroniques professionnelles et sérieuses, à accès prépayé réservé aux abonnés.
Quoi qu'il en soit, "le secteur des médias dans notre pays a besoin d’une profonde refonte et de décisions qui peuvent être douloureuses", estime M. Maâninou, affirmant qu’"il n’est plus concevable que l’on soit l’unique pays au monde où des partis politiques persistent à éditer des journaux que personne ne consulte".
"Devant cette triste réalité, faudrait-il vraiment s'obstiner à croire que le sort de la liberté et de la démocratie dans notre pays est tributaire de la poursuite de ces publications dont l’Etat supporte les frais de production et les salaires des journalistes ?", s'interroge-t-il en conclusion.