Lors d’un débat, organisé par l’organisation "Human Rights Without Frontiers", autour de la thématique "violences sexuelles et viols par abus de pouvoir", l’accent a été mis sur les violations graves qui se produisent, à répétition, dans les camps de Tindouf, en l’absence de la loi et du droit d’accès à la justice et en violation flagrante de tous les principes et chartes internationales relatives aux droits de l'Homme.
Les intervenants ont appelé à une mobilisation forte des instances et organisations internationales pour lever le voile sur les tragédies qui frappent tout particulièrement les femmes dans les camps.
Dans un témoignage poignant, Khadijatou Mohamed, l’une des victimes de viol du chef des séparatistes, le dénommé Brahim Ghali, a décrit les sévices qu’elle a endurés, affirmant qu’après le viol dont elle a été victime en 2010, elle a décidé de briser le silence et s’adresser à la justice, "non seulement pour se défendre, mais pour faire entendre la voix de toutes les femmes, qui souffrent d’humiliation, d’oppression et de torture dans les camps de Tindouf, en Algérie".
Khadijatou Mohamed, qui avait travaillé en tant que traductrice auprès du "polisario" entre 2005 et 2010, a fait part de son immense déception et de son profond désarroi, en constatant que son bourreau se déplace librement, bien qu’il fait l’objet de poursuites judiciaires.
Selon elle, l’esclavagisme et la mainmise autoritaire sont fortement présents dans les camps de Tindouf, les femmes ne pouvant pas se déplacer librement sans l’autorisation des éléments du ‘’polisario’’, relevant que des femmes font l’objet de chantage sexuel pour obtenir de la nourriture et de produits de première nécessité.
‘’Il est temps que tout le monde, notamment les parlementaires européens, sache ce qui se passe dans les camps de Tindouf, où vivent des jeunes sans espoir et sans avenir’’, a-t-elle plaidé, ajoutant que son objectif consiste à montrer aux jeunes et femmes séquestrés qu’une vie meilleure existe en dehors des camps.
L’avocate belge Sophie Michez a souligné, de son côté, que ‘’la situation ambiguë sur les dimensions juridiques, sociales et humanitaires dans les camps de Tindouf offre un couvert aux dirigeants du ‘polisario’ pour commettre leurs crimes à l’encontre des femmes séquestrées et celles qui font l’objet d’agressions sexuelles et de mauvais traitements’’.
L’avocate, qui avait dénoncé en 2019 auprès des Nations-Unies le détournement des aides humanitaires dans les camps de Tindouf, a relevé que les femmes des camps ‘’éprouvent d’innombrables difficultés à faire entendre leur voix, notamment en raison des sentiments de honte et de peur des agressions et de la vengeance de leurs bourreaux’’.
Elle a appelé, à cet effet, à créer un tribunal international spécialisé, de nature à statuer efficacement dans les plaintes des femmes victimes d’oppression, de torture et d’agressions sexuelles.