Les derniers mois ont été marqués par des échanges intenses entre responsables marocains et brésiliens pour maintenir et consolider l'élan de la coopération bilatérale et mettre en place un cadre favorable à son élargissement à tous les domaines.
Parallèlement à un rapprochement politique voulu et nourri par les directions des deux pays, les échanges vont crescendo depuis 2016 et ont battu un record en 2021, avec un volume d’échanges à près de 3 milliards de dollars. Au passage, les exportations marocaines ont atteint un niveau sans précédent : environ 2 milliards de dollars.
Le total des exportations marocaines vers le Brésil en 2021 – en hausse de 70,29% par rapport à 2020 – illustre en effet l’entente entre le Royaume et le Brésil, dont le président, Jair Bolsonaro, avait qualifié le Maroc - premier exportateur arabe vers la première puissance sud-américaine après l’Arabie Saoudite - de partenaire stratégique.
S’exprimant lors du dernier forum Brésil – Monde arabe organisé juillet courant, Bolsonaro a notamment souligné l’importance de la coopération avec les pays arabes, en l’occurrence le Maroc, notamment dans le renforcement de la sécurité alimentaire mondiale. "En termes d’importations, notre principal fournisseur en 2021 dans le continent africain était le Maroc, pays qui occupe aujourd’hui la position de 3è exportateur d’engrais vers le Brésil après la Russie et le Canada", a-t-il affirmé.
Le chef d’Etat brésilien s’est félicité également de la récente visite de son ministre ministre de l'Agriculture, de l'Élevage et de l'Approvisionnement, Marcos Montes, qui a tenu dans le Royaume une série de rencontres avec différents acteurs économiques afin de hisser le niveau de la coopération bilatérale.
Pour l'expert brésilien en géopolitique et relations internationales, Marcus Vinicius de Freitas, l'intensification des relations commerciales entre le Brésil et le Maroc reflète le caractère stratégique que représente le Royaume pour Brasilia, le Royaume étant "un pays stratégique ouvert sur plusieurs marchés : arabe, islamique, mais surtout l’Afrique".
Le ministre de l'industrie et du commerce, M. Ryad Mezzour, qui intervenait lors du même forum, a souligné cette croissance remarquable des échanges commerciaux maroco-brésiliens, qui ont doublé de volume au cours des cinq dernières années.
A cette occasion, M. Mezzour a réitéré le ferme engagement du Maroc de renforcer la coopération sud-sud à travers le partage d'expériences, notamment en matière d'innovation et de diversification des débouchés, citant les divers atouts du Maroc qui en font une plateforme idéale de commerce et de connectivité.
Au-delà de leur portée économique, les échanges économiques entre les deux pays confirment la bonne dynamique que connaissent les relations de coopération entre les deux pays, comme l’a souligné le ministre brésilien des Relations extérieures, Carlos Alberto Franco França, qui a mis en exergue de "grandes opportunités pour diversifier et renforcer" ces liens.
Dans une déclaration à la MAP, en marge de la cérémonie de décoration à la fin de l’année dernière de l’ancien président brésilien, Fernando Affonso Collor de Mello, du Grand Cordon du Wissam Alaouite, M. Carlos França a indiqué que le Maroc "occupe une position centrale en Afrique du Nord en tant que pont vers d’autres pays et continents", assurant que "le Maroc et le Brésil, membre non permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU, peuvent aussi coordonner davantage au sein des Nations Unies et des forums internationaux".
Force est de constater que les perspectives de coopération entre les deux pays influents dans leurs régions respectives sont très prometteuses, au vu notamment des accords conclus par les deux pays, dont celui de la facilitation des investissements.
Ce cadre juridique devrait garantir, selon M. Mezzour, un climat d'affaires idéal pour les entreprises marocaines et brésiliennes, contribuer à accroître les échanges commerciaux entre les deux pays et mettre en œuvre des projets et des investissements communs orientés vers l’export.
Ces ambitions jouissent du soutien inconditionnel des responsables des deux côtés, aux niveaux politique, diplomatique, économique, mais aussi parlementaire. Lors d’une rencontre plus tôt ce mois avec l’ambassadeur du Maroc, Nabil Adghoghi, le président de la commission des relations extérieurs et de la défense (CREDN) à la Chambre des députés du Brésil, M. Pedro Vilela, a réitéré l'engagement de l'institution législative brésilienne en faveur du renforcement du partenariat stratégique Maroc-Brésil.
"Nous sommes conscients de l'importance stratégique du Maroc pour le Brésil, surtout en matière d’importation d’engrais et de fertilisants", a affirmé Pedro Vilela.
Selon M. De Freitas, "il serait judicieux, avant de s'orienter vers des produits plus industrialisés, que le Maroc et le Brésil travaillent ensemble pour ajouter de la valeur aux produits primaires fabriqués de part et d'autre de l'Atlantique. La proximité du nord-est brésilien avec le Maroc pourrait également permettre la création de lignes directes et des liens commerciaux plus étroits".
Il est important, a-t-il ajouté, d'établir un corridor maritime à travers l'Atlantique, avec un flux de marchandises plus rapide, plus intense et intelligent, servant tous deux de plate-formes pour accéder à des marchés plus vastes dans les prolongements géopolitiques des deux pays.
Les relations de coopération entre le Maroc et le Brésil, fortes de la volonté politique et des atouts et opportunités offerts par les deux pays, semblent promises à se renforcer davantage pour servir les intérêts communs, en parfaite conscience de l’interdépendance des économies de deux acteurs majeurs de la sécurité alimentaire mondiale certes, mais pas que....