La participation au vote est un exercice effectif de la citoyenneté, a souligné M. Karaki dans un article publié à l'occasion des échéances électorales du 8 septembre, notant qu'il ne s'agit pas de se rendre aux urnes et de mettre un papier dans une boîte afin de se débarrasser d'un fardeau que certains croient inutile.
Il s'agit plutôt d'une opportunité qui permet à l'individu de ressentir la liberté politique et de l'exercer en tant qu'un droit de l'Homme, à la lumière duquel l'exercice de la chose publique sera déterminé pour une période définie, a-t-il ajouté.
"La liberté politique n'est pas le fait de se libérer de quelque chose, mais plutôt se libérer pour faire quelque chose", a-t-il estimé, passant en revue un nombre d'articles de la Constitution du Royaume et des traités internationaux qui ont consacré le droit de vote.
A cet égard, l'article 2 de la Constitution dispose que "la souveraineté appartient à la Nation qui l'exerce directement, par voie de référendum, et indirectement par l'intermédiaire de ses représentants. La Nation choisit ses représentants au sein des institutions élues par voie de suffrages libres, sincères et réguliers", a précisé l'universitaire.
La participation au vote est un moment durant lequel les personnes qui ont gagné la confiance du citoyen pour prendre des décisions en son nom doivent présenter le bilan, a-t-il souligné.
C'est un moment décisif pour le citoyen qui devra soit prolonger le mandat de ces élus ou leur retirer ce pouvoir qui leur a été conféré par les élections, a-t-il enchaîné.
En s'abstenant de participer, le citoyen renonce à l'exercice d'un droit fondamental dont le non-usage pourrait impacter négativement non seulement l'individu mais également la société, a-t-il déploré.
"Les résultats des élections sont adoptés même si c'est une catégorie restreinte qui a exprimé sa volonté. Si les corrompus arrivent au pouvoir, ce ne sont pas ceux qui ont voté pour eux qui devraient être blâmés, mais plutôt ceux qui se sont abstenus de voter, car ce sont eux qui ont octroyé la position de leader à quelqu'un qui ne la mérite pas", selon M. Karaki.
La liberté exige également que ceux qui ne souhaitent pas y participer sont également libres d'exercer leurs choix, a-t-il jugé, relevant que "les droits auxquels nous sommes parvenus aujourd'hui sont le résultat de sacrifices consentis par des générations pour que les gens votent équitablement".
"En effet, le temps qui nous sépare des moments historiques où les peuples réclamaient le droit de vote et l'équité de vote n'est pas si lointain. Est-il concevable que les citoyens abandonnent ce droit?", s'est-il interrogé.
Il a, par ailleurs, souligné que de nombreuses expériences démocratiques de l'ère moderne ont confirmé que l'abstention de vote ne sert que certains courants qui exploitent la réticence à la participation au vote, faisant ainsi le détournement du droit non activé de la majorité par une minorité à laquelle les urnes confèrent une place privilégiée au niveau de l'exercice du pouvoir, non pas sur la base de son nombre, mais sur la base de son attachement à l'exercice de son droit de vote.
La minorité devient ainsi capable de publier des textes juridiques qui peuvent priver la majorité de nombreux droits, voire même consacrer par son accès au pouvoir législatif une sorte de supériorité permanente à travers les lois, a-t-il regretté.
L'universitaire a estimé, à cet égard, que "l'importance de participer aux élections n'est pas un luxe, mais incite plutôt à changer les positions politiques de l'individu qui doit cesser de se considérer comme une victime et prendre en main la capacité de changer".