"C’est une erreur de la part du Parlement européen d’avoir fait voter cette résolution. La sagesse aurait été de la retirer. Le Parlement européen a finalement été amené à se prononcer sur un différend strictement hispano-marocain qui aurait dû être réglé entre les autorités espagnoles et marocaines", affirme l’eurodéputé français dans un entretien publié samedi par le site Atlasinfo.
Selon l’ancien ministre français de l’intérieur, cette motion n’est que la "conséquence directe de la crise bilatérale" entre Rabat et Madrid, faisant observer que le parlement européen "aurait dû soit y renoncer ou au moins la reporter dans un souci d’apaisement et en prenant bien soin notamment d‘en modifier le titre".
"Ce qui n’a malheureusement pas été accepté", déplore-t-il.
"Encore une fois, c’est une erreur, mais je demeure persuadé que la majorité des parlementaires européens souhaitent conserver et préserver les relations avec le Maroc", dit-il.
M. Hortefeux rappelle que près de 300 eurodéputés ne se sont pas associés à ce vote, faisant observer que le Maroc a entrepris d’avancer sur la "très difficile" question des mineurs non accompagnés, ajoutant que "nous devions absolument tenir compte de ce geste et ne pas oublier aussi les liens historiques qui unissent le Maroc et l’Europe, la profondeur stratégique de nos relations et la qualité de notre coopération sécuritaire, notamment, dans les domaines de la lutte contre le terrorisme, les trafics de drogue et la maitrise de l’immigration clandestine".
Pour toutes ces raisons, le Parlement européen "n’aurait pas dû faire montre d’autant d’empressement", renchérit-il, faisant observer que cette résolution était à “l’instigation” du groupe Renew et plus particulièrement du parti centriste espagnol Ciudadanos.
Mais note-t-il, "le groupe Renew Europe (...) aurait dû convaincre les auteurs espagnols de la résolution de la retirer ou au moins d’en différer la discussion et de prendre le temps de la réflexion nécessaire avant de la soumettre au vote. Cela ne s’est pas fait".
Le Parlement européen "a manqué de sagesse et de maturité", estime l'eurodéputé, tout en précisant que ses résolutions sont "plus symboliques qu’effectives" et n’entraînent "aucune conséquence concrète".
"Et si près de 300 eurodéputés ont refusé de voter contre un pays aussi important pour l’Europe que le Maroc, soit en s’abstenant, soit en votant contre, c’est un signal positif", martèle M. Hortefeux, qui a émis le vœu que les relations entre le Maroc et l’Europe “retrouvent très rapidement leur sérénité".
"Le Maroc est un partenaire indispensable et fiable de l’Union européenne. Il contribue à la stabilité de l’Europe, notamment, par une gestion des flux migratoires irréguliers qui constitue un défi pour nous, par la lutte contre le terrorisme et le trafic de drogue. Je peux, à titre personnel, témoigner de la grande qualité de cette coopération sécuritaire avec le Maroc et de l’efficacité des services marocains dans ces domaines pour avoir été ministre de l’Intérieur", conclut-il.