Pauvreté, famine, conflits, endettement, terrorisme, sécheresse, pandémies ... une interminable liste de fléaux et, naturellement, de freins au développement qui enflent et désenflent par région et par moment et qui, fatidiquement, repoussent encore loin le bout du tunnel.
La célébration, ce mardi, de la Journée mondiale de l'Afrique, date marquant l'anniversaire de la fondation de l'OUA (Organisation de l'Unité Africaine), le 25 mai 1963, est l'occasion de s'arrêter, derechef, sur la bataille que mènent les Etats africains à plusieurs et inextricables niveaux pour effilocher les oripeaux du passé colonial et s'engager, pour de vrai, sur la voie du développement durable.
En dépit du démantèlement de l'Organisation de l'unité africaine, supplée par l'Union africaine aux débuts du IIIè millénaire, l'appellation et la date de l'évènement ont été maintenus pour célébrer l'africanité, la disséquer ... la repenser.
C'est, en effet, l'occasion renouvelée d'apporter un éclairage global sur les opportunités et défis de l'Afrique dans des secteurs tout aussi porteurs que les infrastructures, la transformation digitale et la finance verte, dans un contexte pandémique inclément qui a donné du fil à retordre même aux économies les plus dynamiques du continent.
Au registre des atouts dont regorge l'Afrique, on peut tout debout et sommairement citer un sous-sol des plus riches au monde, des populations majoritairement jeunes et une croissance moyenne annuelle autour de 5 pc. Mais comment transformer ces leviers en panacée salvatrice ? Qu'est-ce qui manque (vraiment) au continent pour voler de ses propres ailes ?
Une question épineuse à laquelle le politologue et chercheur universitaire ivoirien Eddie Guipié essaie d'apporter des éléments de réponse. Pour lui, "l'aliénation" est éminemment le vrai problème qui entrave le développement durable en Afrique.
"Le développement du continent doit venir de l'intérieur (..) Les Africains sont capables de faire mieux nonobstant tout ce qui s'est passé et tout ce qui a été hérité de l'ère de la colonisation", a-t-il déclaré à la MAP.
Déroulant des pistes à même de donner du punch au décollage économique et au développement du continent, le chercheur ivoirien a tout d'abord relevé l'impératif de booster la complémentarité économique entre Etats, laquelle ne serait pas une sinécure avec l'entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) qui permettra aux pays du continent de franchir un important palier en matière d'intégration.
Sur le plan politique, un effort colossal et urgent est à mener pour démocratiser les sociétés, asseoir les jalons de l’Etat de droit, protéger les minorités et promouvoir le rôle de la société civile.
Sur le plan économique, le plus grand défi consiste en l'industrialisation, salutaire pour une transformation structurelle des économies. Il faut donc prévoir des investissements publics et des stratégies adaptées à chaque région et pays. Il sied également de valoriser l’exploitation des matières premières et développer l'industrie agro-alimentaire.
En outre, l'augmentation de la productivité agricole est d'extrême importance dans un continent frappé de plein fouet par l’insécurité alimentaire. Une agriculture en bonne et due forme est un levier majeur de la croissance escomptée.
Autre point de non moindre importance est, selon lui, l’impérieuse adaptation au dérèglement climatique. Certes, "l'Afrique n'y a pas contribué mais elle est appelée à s’approprier un nouveau modèle de développement vert".
Aussi, a souligné M. Guipié, il convient de mettre au point une nouvelle stratégie et une meilleure synergie dans la gestion du triptyque Immigration-Paix-Sécurité.
Au demeurant, à quelque chose malheur est bon. Les maux et problématiques qui taraudent l'Afrique pourraient servir de base de réflexion pour concevoir un modèle de développement sui generis qui tiendra compte des imperfections et défaillances qu'ont révélées les traditionnelles conceptions.