Cet atelier, tenu sous le thème "Enjeux et potentiel de l’intervention dans les ensembles urbains historiques" a réuni des experts nationaux et internationaux, des urbanistes, des architectes, ainsi que plusieurs partenaires nationaux et internationaux, à savoir le ministère de la Culture, de la jeunesse et des sports, le ministère de l’Aménagement du territoire national, de l’urbanisme, de l’habitat et de la politique de la ville, ainsi que le Bureau de l’UNESCO pour le Maghreb.
Intervenant lors du panel axé sur les "Enjeux et le potentiel de l'intervention dans les sites patrimoniaux", la directrice générale de l'Agence urbaine de Rabat-Salé, Khaddouj Guenou a passé en revue l’évolution des différentes approches contemporaines dans les tissus anciens, les attributs du paysage urbain historique de Rabat, les outils de gestion des interventions sur le paysage urbain historique (HUL), ainsi que les exemples d’intégrations contemporains innovants dans le HUL.
L’inscription de Rabat au patrimoine mondial de l’humanité atteste que cette ville témoigne d'un échange d’influences considérable et apporte un exemple éminent et achevé d’urbanisme moderne, a relevé Mme Guenou dans sa présentation intitulée "Enjeux et limites d’intervention dans les sites patrimoniaux: Cas de Rabat", faisant observer que la créativité ne constitue pas une menace à l’intégrité du patrimoine.
De son côté, Fikri Benabedellah, architecte et président de l'Association Rabat-Salé Mémoire a fait savoir, dans sa présentation sous le thème "L’innovation au service de la préservation et de la valorisation du patrimoine", que la réhabilitation et la restauration du patrimoine requiert des compétences techniques éprouvées et spécialisées.
En effet, l'intervention patrimoniale a ses propres contraintes liées, notamment, à l’exécution des ouvrages, l’identification des matériaux et la gestion des délais de réalisation, a ajouté M. Benabedellah.
Cet atelier technique a été, en outre, marqué par la tenue d'un autre panel sous le thème "La créativité entre l'impératif de sauvegarde du patrimoine et le renouveau urbain", dans lequel les experts ont exposé les expériences de nombreuses villes telles que l'Alexandrie, Beyrouth, Dakar, Tunis et Zanzibar.
C'est le cas, notamment, de May El Tabbakh, consultante auprès du Centre de recherche Alexandrie et Méditerranée (AlexMed), qui a indiqué que "le patrimoine urbain et architectural d'un certain lieu nous en dit long sur les aspects sociaux, économiques et environnementaux d'un certain groupe de personnes à un moment donné".
"Tant que ces aspects sont encore maintenus et pratiqués sans autre altération, ce patrimoine matériel peut encore servir les personnes qui l'utilisent et vaut donc la peine d'être préservé", a fait observer Mme El Tabbakh dans sa présentation, axée sur "Alexandrie : l’urbanisme entre patrimoine et modernité".
"Cependant, le développement constant de la technologie et de ses applications, qui alimente les besoins humains en évolution rapide, doit bien être montré et démontré dans l'environnement bâti que nous laissons aujourd'hui aux générations futures", a-t-elle poursuivi.
Pour sa part, George Arbid, architecte, chercheur-directeur du Arab Center for architecture (ACA-Liban), a relevé dans sa présentation que les enjeux de la sauvegarde du patrimoine urbain sont d'ordres culturel, mémorial, économique, social et national.
L’organisation de cet atelier technique s’inscrit dans le cadre de la célébration du dixième anniversaire de "La Recommandation concernant le paysage urbain et historique", adoptée en novembre 2011 par la Conférence Générale de l’UNESCO. Ces célébrations s’ouvrent ce 20 mai par cet atelier technique et qui se poursuivront jusqu’au mois de novembre.
L’atelier, qui a constitué ainsi une plateforme de débat et d’échanges autour de la thématique, a permis également de transcender, à travers les interventions des différents panélistes, les pratiques de gestion urbaine exclusivement dédiée à la préservation des tissus, ainsi que la mise en valeur de nouveaux outils de protection des attributs de la valeur patrimoniale de tout ensemble urbain, plus spécifiquement ceux de la valeur universelle exceptionnelle (V U E) d’un site comme celui qu’abrite la ville de Rabat.
Depuis l’inscription de Rabat au patrimoine mondial de l’humanité en 2012, la Fondation pour la Sauvegarde du Patrimoine Culturel de Rabat a été consacrée en tant qu’organe transversal de coordination des actions de sauvegarde et de mise en valeur du patrimoine prévu par le plan de gestion, outil de gouvernance du bien inscrit par l’UNESCO.
La Fondation a pour vocation de perpétuer et de transmettre les valeurs historiques, architecturales, artistiques, paysagères, matérielles et immatérielles inhérentes au Patrimoine Culturel de Rabat. Pour ce faire, elle assure la veille des projets en cours et existants, favorise la synergie entre les acteurs concernés par la sauvegarde du patrimoine et œuvre pour la sensibilisation, la promotion et l’évaluation de l’état de conservation du patrimoine.