En effet, peu de figures politiques affichent clairement leurs intentions de se présenter à cette élection, tandis que d'autres, à leur tête l’actuel Président Emmanuel Macron, ne se sont pas encore prononcées sur leur candidature, entretenant jusqu’au bout le suspense. Le jeu des alliances et le rapprochement entre les différents courants politiques ne sont pas clairs non plus.
"A un an de cette présidentielle française, le casting des candidats et des forces politiques en présence n’est pas clair et identifié", analyse pour la MAP le politologue Mustapha Tossa.
Jusqu’à maintenant, il n’est pas affiché que le président Emmanuel Macron puisse être dans une configuration de pouvoir, pour solliciter un second mandat, alors que les oppositions de droite comme de gauche ne ratent aucune occasion pour déverser leurs critiques sur son gouvernement et sa gestion de nombreux dossiers épineux ayant marqué son quinquennat, à commencer par la crise des gilets jaunes, la réforme des retraites, le projet de loi controversée sur le “séparatisme” et l’Islam radical ou encore la gestion de la crise sanitaire du Covid-19.
A cela s’ajoutent les différents sondages qui révèlent une baisse des opinions favorables à M. Macron.
Emmanuel Macron est “guetté” par la “crainte du "syndrome François Hollande" en 2016 lorsque ce dernier a été obligé de jeter l’éponge à cause de mauvais sondages devant la représentante de l’extrême droite Marine Le Pen, estime Mustapha Tossa.
Mais si M. Macron venait à se porter candidat pour un second mandat présidentiel, il se trouvera favorisé par le fait qu’il se positionnera dans un échiquier où aussi bien la gauche que la droite se trouvent dans l’incapacité de produire un “sérieux” leadership à même de s’assurer le passage au second tour, précise le politologue. La gauche parce qu’elle est “minée” par la multitude de courants aussi bien socialiste, communiste, d'extrême gauche que vert. Et la droite parce qu'elle est toujours "paralysée par la guerre des égos et des chapelles".
Face à cette situation où le paysage politique demeure fortement fragmenté, les observateurs s’accordent à dire qu'Emmanuel Macron, qui défendait un programme centriste lors de sa campagne pour la présidentielle de 2017, penche à l'heure actuelle de plus en plus vers les idées de droite dans le but de s’attirer la sympathie des électeurs de ce courant.
Face à une gauche qui “dans son ensemble est politiquement morte, Emmanuel Macron a jeté son dévolu sur la droite en tentant d'attirer ses voix et de séduire son élite et ses ressources humaines”, explique M. Tossa.
Selon lui, Emmanuel Macron a pourtant des "raisons de s’inquiéter”. Le front républicain n’est plus ce qu'il était jadis quand il formait un cordon contre l’accès de l’extrême droite au pouvoir. Il n’est plus aussi solide et aussi consensuel, ce qui a poussé quelques centres de réflexion politiques à prédire que cette fois-ci, l’icône de l’extrême droite, Marine Le Pen, portée par des vents favorables, pourrait bien casser le plafond de verre qui l’avait toujours empêchée de rallier la majorité des Français à sa cause.
Dans l’attente que les choses s’éclaircissent davantage, la classe politique est au rendez-vous en juin prochain avec un test grandeur nature, à savoir les élections régionales et départementales, qui devront donner un avant goût des différentes tendances et alliances qui pourraient se dessiner en vue du scrutin présidentiel.
A quelques semaines de ce scrutin, des alliances entre Les Républicains (LR-droite) et le parti présidentiel, la République en Marche (LREM) sont annoncées dans certains départements, alors que nombreux ministres ont annoncé leurs candidatures sous les bannières de la droite classique.
Ces alliances ont pour objectif de dévier le réservoir des voix LR vers Macron, estime M. Tossa, qui met en garde toutefois contre le risque d’une “démarche punitive” qui pourrait faire basculer de nombreuses voix LR vers Marine Le Pen.
“Et tout le secret de cette élection est de connaître l’épaisseur et l’importance de ce report qui pourrait faire pencher la balance vers l’un comme vers l’autre”, ajoute le politologue.