Ces 10 derniers jours incluent une nuit de haute spiritualité, "Laylat Al Qadr" (Nuit du Destin), qui se trouve parmi une des nuits impaires du dernier tiers du mois de Ramadan, où les Marocains s'y préparent avec grande joie et enthousiasme, en priant autant que possible du début de la nuit jusqu'à l'aube, dans l'espoir d’obtenir la rétribution d’Allah et de se faire pardonner ses péchés antérieurs.
La ville de Casablanca ne diffère pas beaucoup des autres villes du Royaume, concernant les préparatifs pour l'accueil du mois de jeûne, exception faite de certains rituels et traditions pratiqués par chaque région durant ce mois sacré.
Dans ce contexte, le chercheur dans le domaine de la culture populaire marocaine, Jilali Touil, a indiqué que la pandémie du nouveau coronavirus a empêché, ces deux dernières années, les Marocains, à l'instar de l'ensemble des Musulmans du monde, de commémorer comme à l'accoutumée les festivités religieuses en rapport avec la sacralité de ce mois.
Il a indiqué, dans une déclaration à la MAP, que les habitudes des Casablancais, durant la dernière décade du mois de Ramadan, ne diffèrent pas beaucoup de celles de leurs concitoyens dans d'autres régions du Royaume, où ils en font des jours de prières, d'imploration de Dieu et de lecture du Saint Coran.
Pour ce qui est du volet social et populaire, ajoute-t-il, les femmes planchaient sur les préparatifs de l'Aid Al Fitr et l'achat d'ingrédients pour la préparation de gâteaux et de friandises servies à cette occasion, ainsi que des effets vestimentaires pour enfants.
Néanmoins, il n'a pas manqué de faire part d'un changement des us et habitudes des Casablancais, ces derniers temps, sur le volet culturel, car la ville de Casablanca représente un petit Maroc réduit, vu qu'elle abrite des citoyens de toutes les villes, ce qui lui confère un statut culturel pluraliste, relevant qu'avec l'évolution des temps et de la technologie, il y a eu des pratiques étrangères aux habitudes locales.
Autrefois, les femmes du quartier se rassemblaient, selon lui, autour de la table de rupture du jeûne, et les hommes se réunissaient après la prière des Tarawihs pour échanger leurs points de vue, alors qu'aujourd'hui ils courent après leur gagne pain et ne se soucient guère des us et coutumes d'antan.
Il a refusé de parler de recul, mais plutôt d'une conjoncture un peu particulière, notant toutefois qu'il y a encore des gens qui tiennent à perpétuer ces rituels hérités de père en fils.
M. Touil a estimé que la génération d'aujourd'hui ne se soucie nullement des habitudes laissées par les pères, mères et grands pères, de par l'évolution technologique et la prolifération de sites des réseaux sociaux qui ont conduit les jeunes à avoir d'autres préoccupations.
Les Casablancais, comme tous les Marocains, accordent un intérêt particulier à la nuit du destin, la nuit de la révélation du Saint Coran, du point de vue religieux, mais aussi de la place qu'elle occupe en matière de rétributions.
La célébration de ce rituel s'applique à la nuit du 27ème jour du mois de Ramadan, alors que la nuit du destin se situe parmi les nuits impaires des 10 derniers jours du mois béni, a-t-il poursuivi, rappelant que les traditions prévoient dans cette nuit la préparation de plats de couscous et de les offrir ensuite aux fidèles dans les mosquées.
Par ailleurs, au cours de cette nuit, les gens se rassemblent autour de la même table et se partagent différents mets, avec un échange de visites familiales, en général chez les grands parents.
Parmi les traditions séculaires de Casablanca en ces jours bénis, figure la célébration des familles de leurs enfants qui jeûnent le premier jour et le 27ème jour du mois de Ramadan, en leur préparant un menu spécial renfermant toutes les belles friandises, outre la préparation d'un plateau avec du lait, des dattes et des fruits secs comme premiers denrées alimentaires pour leur rupture du jeûne.
Pour ce qui est des filles, elles ont droit à un ornement des mains au henné et à des habits traditionnels, de couleur blanche en général, symbole de chasteté.
Cependant, le petit enfant n'est pas initié au jeûne au début par la force, mais à travers la ruse du raccordement des heures, c'est à dire en reliant les 4 premières heures de la matinée avec les autres de l'après-midi pour comptabiliser un jour de jeûne, en vue de bien le préparer quand il sera en âge de faire le Ramadan.
Pour ce qui est des femmes, elles s'habillent cette nuit là en blanc et se parent de leurs plus beaux atours pour fêter cette soirée en famille jusqu'à l'aube.