Après la réaction d’eurodéputés du groupe socialiste et du PPE, c’est un député européen des Verts qui a crié au scandale, ce mercredi, en pointant du doigt la complicité d’un État membre de l’Union européenne avec le régime algérien qui a remis au génocidaire Brahim Ghali un vrai faux passeport diplomatique avec une fausse identité pour échapper à la justice espagnole.
Dans un article publié sur le blog du médiapart, l’eurodéputé Mounir Satouri souligne d’emblée que «le scénario est digne d’un truculent roman d’espionnage», sur fond d’un conflit qui dure depuis plus de 45 ans, «un cessez-le-feu qui se fragilise, des souffrances et des violations imposées aux populations civiles (…), une Union Européenne paralysée et des voisins frères ennemis».
Porteur d'un vrai faux passeport diplomatique algérien, le dénommé Ghali «aurait bénéficié d’un avion médicalisé affrété par la présidence algérienne et de la clémence discrète des autorités espagnoles», fait remarquer le député européen, notant que «cette manœuvre, véritable maladresse diplomatique, constitue une violation grossière de l’état de droit espagnol et des valeurs de l’UE».
Pour M. Satouri, le gouvernement espagnol ne devrait pas s’excuser d’avoir accueilli le dénommé Ghali pour «motif humanitaire».
Il devrait en revanche «s’excuser d’avoir étroitement et secrètement collaboré avec un régime autoritaire à cette occasion. L’accointance ainsi affichée avec le régime algérien vient plomber la crédibilité de la diplomatie européenne quand elle promeut le respect des droits humains vis-à-vis de son partenaire algérien», note le député.
«Alors que le Parlement européen demande aux autorités algériennes de mettre un terme à la répression du Hirak et d’avancer sur le chemin de la démocratie, le gouvernement espagnol complote sans égard pour les objectifs droits de l’Homme et démocratie de la politique étrangère européenne », s’insurge-t-il.
Le gouvernement espagnol devrait enfin s’excuser d’avoir voulu consacrer l’impunité au mépris de ses engagements européens et internationaux, ajoute M. Satouri, soulignant qu’en dissimulant l’identité du dénommé Ghali pour lui permettre d’échapper à ses obligations juridiques, «il fait montre d’une politique du deux poids deux mesures dans son attachement à garantir les droits humains sur son territoire».
La mobilisation de la société civile et la vigueur du pouvoir judiciaire devraient finalement sauver l’honneur des Espagnol.e.s, note l’eurodéputé, rappelant qu’un magistrat de l’Audience nationale a inculpé ce 4 mai le dénommé B. Ghali de «génocide et crimes de guerre présumés conformément à la procédure visant une campagne présumée d'élimination des élites sahraouies d'origine espagnole dans les années 1980».
N’oublions pas, poursuit-il, "qu’il devrait encore répondre d’actes de tortures présumés conformément à la plainte déposée par Fadel Breika. N’oublions pas qu’il devrait encore répondre du chef de viol présumé conformément à la procédure introduite par Khadijatou Mahmoud".
«N’oublions pas qu’il devrait encore répondre des attentats terroristes présumés de Phos Bucraa conformément au mandat émis contre lui suite aux enquêtes de l’Association sahraouie des droits de l’Homme, de l’Association Canarienne des Victimes du Terrorisme (Acavite) et de la Fédération autonome des victimes d'Espagne (Faavte)», énumère le député européen.
«N'oublions pas qu’aucune cause ne saurait justifier l’impunité des violations commises en son nom. Il en va de la cohérence du projet européen et de sa capacité à garantir aux victimes l’accès au droit», conclut-il.