Dans ce pays de 12 millions d’habitants niché au cœur de la région des Grands Lacs, la population éprouve une passion sans limite au cyclisme, devenu au cours des dernières années un véritable sport national. Une popularité due à l’histoire du Tour du Rwanda inscrit, depuis une dizaine d’années, au calendrier de l’UCI Africa Tour (classe 2.1) mais surtout aux résultats impressionnants des coureurs rwandais.
Face au risque de propagation du nouveau coronavirus parmi les supporters, le Rwanda a mis en place une série de mesures de distanciation sociale en plus des bulles sanitaires imposées par l'Union cycliste internationale (UCI) pour permettre aux coureurs d'évoluer dans des conditions "saines". Mais la ferveur palpable des fans était malgré tout au rendez-vous.
Au coup d'envoi de la course dans la ville de Kigali, dimanche, la présence des spectateurs était timide en raison des restrictions. Mais les fans n’ont pas pu résister longtemps. Dès le début de la deuxième journée, des foules gigantesques de supporters masqués ont rempli les rues et les terrasses des immeubles de grande hauteur de la capitale rwandaise pour encourager les coureurs rwandais. Le nombre de spectateurs n’a pas cessé d’augmenter depuis.
"Je suis conscient de l’enjeu sanitaire autour de l'épidémie, mais je ne peux pas me résigner à regarder la course à la télé. Ça fait plus d’une année qu’on attend avec impatience cette édition du Tour du Rwanda", a confié Peter, un jeune étudiant, dans une déclaration à la MAP.
"Je porte le masque et respecte les règles. Le Covid-19 ne m’empêchera pas d’apporter mon soutien la sélection rwandaise", a-t-il enchainé.
Pour Ali, qui travaille en tant qu’agent de télécommunications, "une course cycliste sans spectateurs n’a pas de sens ni de goût". Ce trentenaire a même créé une chaîne Youtube pour permettre aux plus jeunes de revivre les moments forts de cette épreuve.
"Notre présence en tant que fans nous permet aussi de passer une petite matinée sympa. Pour se détendre, pour oublier ce Covid, c’est parfait", a-t-il ajouté.
Au Rwanda, n’importe qui peut vous citer les noms de Samuel Mugisha, Joseph Areruya ou encore Valens Ndayisenga, les stars actuelles du pays, espérées cette année sur le podium même si la tâche s’annonce un peu compliquée.
Le Tour du Rwanda, créé en 1988, fait partie de l'UCI Africa Tour depuis 2009 et se déroule sous la forme d'une course à étapes. La première édition intégrant l'UCI Africa Tour avait été dominée par l'équipe du Maroc et son leader Adil Jelloul.
A l’arrêt dans les années 90 en raison du génocide perpétré conte les Tutsi, le Tour du Rwanda a longtemps eu du mal à trouver son public. Mais au cours de la dernière décennie, l’épreuve fait l’objet d’un grand engouement.
Alors que le cyclisme est en plein développement en Afrique, le Rwanda est l’un des pays où la discipline est la plus structurée au point que Kigali pourrait accueillir les championnats du monde en 2025. La capitale rwandaise est en compétition avec la ville marocaine de Tanger, l’autre candidat.
Le Tour du Rwanda, qui a changé de catégorie en 2019 en passant en 2.1., a été lancé dimanche dans la capitale rwandaise avec la participation de 16 équipes. Considéré comme l’un des événements cyclistes les plus populaires du continent africain, le Tour du Rwanda 2021 s’annonce très coriace avec huit étapes au programme et attire des équipes du monde entier, y compris des équipes du World Tour et du Continental Pro.