Situé dans la région de "Ahmar" dans la province de Youssoufia, à proximité de la route reliant les villes de Chamaia et Chichaoua, "Ribat Chiker" était un espace spirituel qui rassemblait les oulémas et hommes de vertu au début de l'avènement de l'Islam dans le Royaume (VIIè siècle de l'Hégire), afin d’assurer l’orientation et l’encadrement religieux ainsi que l'apprentissage du Saint Coran.
Le mausolée compte ainsi parmi les plus anciens sanctuaires soufis au Maroc depuis la conquête islamique, alors que sa mosquée, qui fut la première où a été accomplie la prière du vendredi, servait de haut lieu de rencontres notamment pour les soufis, les saints et les mourides et témoignait du rayonnement de l’Islam et du fiqh, durant les époques post-conquête islamique dans le Royaume.
Ledit mausolée est considéré aussi comme l'un des monuments soufis les plus importants et les plus anciens, dont l’histoire est toujours d’actualité, à travers notamment l’organisation annuelle de visites régulières à son sanctuaire, qui comprend également une mosquée figurant parmi les monuments classés du ministère de la Culture.
Selon des documents historiques, la construction de ce "Ribat" remonte au IVè siècle de l'Hégire, avec l’arrivée de Oukba Bnou Nafii Al Fihri sur les côtes de l'Océan atlantique, avec l'un de ses compagnons, Chaker Bin Abdellah Al Azidi, lors de la conquête du Maroc.
Dans une déclaration à la MAP, M. Naji Madani, imam et prédicateur à la mosquée Sidi Chiker, a indiqué que la majorité de ces documents historiques attestent que pendant la conquête islamique, Oukba Bnou Nafii Al Fihri a conduit son armée jusqu'à l'Océan atlantique en 682 après JC, sachant que le dernier lieu atteint par ce dirigeant islamique fut les côtes de Safi.
Et d’ajouter que des compagnons de Oukba Bnou Nafii ont décidé de s'installer dans la région de Youssoufia, conduits par Chaker ou Sidi Chiker, qui a, par la suite, veillé à enseigner la langue arabe et à diffuser les véritables préceptes de la religion islamique.
Dans ce sillage, M. Madani a souligné que les historiens et les chercheurs, en dépit de leur divergence au sujet des origines de Sidi Chiker, restent unanimes quant à ses qualités humaines et son rôle majeur dans la diffusion de la religion musulmane dans le Maghreb Al-Aqsa, où son "Ribat" continue de servir d’espace et de havre de paix pour les adeptes des confréries soufies, en particulier durant le mois sacré de Ramadan pour échanger les points de vue et les connaissances.
Compte tenu de l'importance spirituelle et religieuse de ce mausolée, les Sultans et Rois de la Dynastie Alaouite ont accordé un intérêt tout particulier à ce "Ribat islamique", comme en témoigne les travaux de rénovation et de restauration de la mosquée et du mausolée de Sidi Chiker sous le règne des Sultans Sidi Mohammed Ben Abdellah et Moulay Hassan 1er.
Sous le règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Amir Al-Mouminine, "Ribat Sidi Chiker" a retrouvé son rayonnement à travers le Forum international "Les Rencontres mondiales de Sidi Chiker du soufisme", dont les deux premières éditions ont été organisées en septembre 2004 et en septembre 2009.
"Ribat Sidi Chiker" se veut, ainsi, un patrimoine civilisationnel par excellence, en ce sens qu’il constitue le berceau du courant soufi au cours des premiers siècles de l'histoire de l'Islam au Maroc, et un important legs culturel et religieux à même de contribuer à la consécration et à l’ancrage des valeurs de l’Islam de la tolérance, du savoir, de la prédication et du conseil.