Le gouvernement a instauré un couvre-feu de 20h00 à 4h00 du matin et décidé la fermeture des lieux de culte, dont les mosquées, ainsi que l'interdiction des rassemblements pour les deux prochains mois.
Le Ramadan, connu traditionnellement et partout dans les pays islamiques comme un étant un mois de partage, de rassemblements, de convivialité, de prières et de recueillement religieux au cours duquel les musulmans convergent en grand nombre vers les mosquées, a sombré cette année encore sous l'impact du Covid-19.
Les musulmans du Kenya ont été pris au dépourvu. Coronavirus oblige, le repas de rupture du jeûne (iftar) doit être pris à la maison, alors que c'est normalement l’occasion de se réunir autour de grandes tables au sein de la famille élargie ou entre amis. Les prières des Tarawih doivent aussi être accomplies à domicile.
Autre conséquence de la pandémie, les tentes des organisations caritatives, montées pour assurer les distributions de repas gratuits, ne pourront exister dans la majorité des comtés du pays, privant des milliers de personnes démunies d'un repas chaud pour rompre le jeûne.
Le Conseil suprême des musulmans du Kenya (SUPKEM) a appelé, dans un communiqué, à maintenir fermées toutes les mosquées du pays durant la nuit en ce mois béni de Ramadan et incité les croyants à prier chez eux, "seule attitude responsable qui est conforme aux principes et aux valeurs de notre religion dans ce contexte d'épidémie".
"C’est la deuxième année qu’on va vivre le Ramadan dans un contexte très spécial, celui de la pandémie. C’est très difficile pour la communauté musulmane qui est habitué à un rituel spécifique", explique Souleyman kalinji, un marchand de tapis bien connu dans les alentours de Jamia Mosque, la plus grande mosquée de Nairobi et du Kenya.
"D'habitude, le commerce bat son plein durant ce mois sacré et on réalise de bons bénéfices, mais avec la pandémie, les affaires vont mal. On doit se résigner. La santé passe avant tout", a-t-il affirmé.
"C'est le mois où on est censés être le plus ensemble, de communiquer et aussi de s'entraider. Mais avec cette pandémie, tout a basculé", a déploré Ibrahim Halim, un fidèle de la Grande Mosquée de Nairobi.
"Je n'arrive pas à concevoir un Ramadan sans les prières des tarawih, ça me fait mal", a-t-il ajouté.
Le Kenya, qui compte à ce jour 152.523 cas de covid-19 avec 2519 décès, vit sous l'effet d'une troisième vague qui a contraint les autorités du pays à imposer des mesures trop sévères, notamment la fermeture des écoles et des lieux de culte, l'isolation de 5 comtés, dont la capitale Nairobi et l'imposition d'un couvre feu nocturne.