"Le mouvement qui a démarré avec une simple publication anonyme sur Twitter, datée du 30 mars dernier, s’amplifie aujourd’hui avec le début du mois sacré de Ramadan. Mois où la consommation de dattes explose", lit-on dans un article intitulé "Au Maroc, le boycott des dattes algériennes anime le début du ramadan" de son auteure, Manal Zainabi.
Évoquant dans un premier lieu la mobilisation sur les réseaux sociaux, l'article relève que "chaque jour, plusieurs centaines de publications utilisant le hashtag #مقاطعة_التمور_الجزائرية (boycott des dattes algériennes) sont postées par des internautes marocains sur Facebook, Twitter, Instagram et même sur YouTube", à tel point que "ces posts se sont hissés parmi les tendances nationales sur les plateformes virtuelles dans le pays".
L'objectif affiché par ces internautes, explique l'auteure de l'article, est de pousser à la consommation des dattes locales à la place de celles importées d’Algérie et, par là-même, "rendre justice aux cultivateurs de l’oasis de Figuig", victimes d'expulsion par l’armée algérienne, début mars dernier.
Commentaire à l'appui, un boycotteur, cité par l'article, appelle chaque Marocain à être solidaire avec ses frères "meurtris" de Figuig en boycottant à son tour les dattes algériennes, dans chaque ville et chaque village, à travers le Royaume.
La journaliste s'est également intéressée à un reportage du site d’information marocain "aldar.ma", largement relayé sur la Toile, sur un commerçant de Meknès, qui explique que les dattes algériennes ne trouvent presque plus d'acheteurs dans les épiceries de la ville à cause de la campagne de boycott. "C’est ce qui l’aurait poussé à les mettre de côté", fait savoir Mme Zainabi.
Plusieurs autres photos et vidéos montrent également des épiciers qui ne veulent plus exposer les dattes stigmatisées sur leurs étalages. D'autres ont voulu faire foi du respect de cette campagne en postant sur le réseau social Twitter qu’ils respectent bien le boycott.
Approché à ce propos par Sputnik, l'analyste et politologue marocain Mustapha Tossa a estimé que ce boycott est "le fruit des tensions politiques qui se sont accrues depuis que le Maroc a réussi à arracher la reconnaissance américaine de sa souveraineté sur le Sahara".
Après ce tournant, poursuit M. Tossa, "le régime algérien a volontairement ouvert les vannes médiatiques et politiques de la haine contre son voisin de l'ouest (...) et une escalade manifeste a eu lieu après la décision algérienne de déposséder des exploitants marocains de la palmeraie d’Al Arja".
Au Maroc, conscients de la puissance qu’ont les réseaux sociaux d’additionner les mécontentements individuels pour en faire un mouvement collectif virtuel, certains internautes ont pensé à une campagne de boycott pour mener une "contre-attaque", a-t-il fait remarquer.