A l'occasion de cette manifestation historique et culturelle, célébrée dans un contexte marqué par la crise du coronavirus, sous le thème "passés complexes, futurs divers", le responsable du Programme culture au Bureau de l’UNESCO pour le Maghreb, Karim Hendili, accorde un entretien à la MAP dans lequel il met en exergue l'importance de cette journée pour la durabilité des monuments et des sites.
1. Pourquoi dédier une journée internationale aux monuments et aux sites ?
En 1982, le Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS) a décidé de décréter le 18 avril Journée internationale des monuments et des sites, qui a ensuite été adoptée par la Conférence générale de l’UNESCO l’année suivante.
Cette date est progressivement devenue l’occasion de célébrer, partout dans le monde, le patrimoine dans sa plus grande diversité. Un legs du passé qui porte la mémoire individuelle et collective et permet aux générations actuelles de se situer dans l’histoire de la société où elles vivent, d’y apporter leur contribution et de transmettre ce patrimoine enrichi aux générations futures.
Les mutations importantes que connaissent les sociétés depuis de nombreuses décennies ont un impact majeur sur le patrimoine, celui-ci pouvant être marginalisé, déconsidéré, altéré voire, dans des cas extrêmes, détruit intentionnellement pour des raisons idéologiques. La sensibilisation, à tous les niveaux de la société, quant à la nécessité de sauvegarder le patrimoine sous toutes ses formes est donc nécessaire et la journée du 18 avril de chaque année est une bonne occasion de le faire.
La journée du 18 avril permet ainsi, chaque année, de rendre le patrimoine plus accessible et donc plus proche de celles et ceux qui en sont les légataires.
2. Quelle est l'importance de protéger les sites et monuments ?
Le patrimoine s’impose comme un produit de l’histoire, pouvant être approprié, valorisé ou marginalisé voire délibérément ou indirectement détruit. C'est un témoignage de ce qu’une société, une civilisation a créé de plus beau dans le domaine de l’architecture et des arts.
Le patrimoine contient également des témoignages de périodes sombres de l’histoire d’une civilisation. On peut choisir de les ignorer, voire d’en éliminer les traces physiques, mais il est impossible de les effacer complètement de l’Histoire. Il en subsiste toujours une trace, quelque part. Accepter le patrimoine, avec tout ce qu’il raconte de positif et de négatif de notre histoire personnelle et partagée, est donc une évolution salutaire pour la construction de notre société. C’est en ayant connaissance de tout ce qui constitue notre passé que l’on peut construire un présent qui favorise un avenir meilleur. C’est ce que permet le patrimoine.
3. Quel est le rôle de l'UNESCO dans la sauvegarde des monuments et des sites ?
L’UNESCO, qui est l’agence spécialisée du système des Nations Unies, porte le mandat international sur la culture et le patrimoine.
L’Organisation s’est dotée, depuis sa création, de plusieurs instruments normatifs permettant de définir un cadre juridique favorisant la sauvegarde du patrimoine sous toutes ses formes dans le monde, avec l'objectif de favoriser le multilatéralisme et la coopération internationale vers la sauvegarde du patrimoine de l’humanité, sous toutes ses formes.
L’UNESCO porte au plus haut ce plaidoyer et apporte un soutien à ses États membres, aux institutions nationales et locales ainsi qu’aux acteurs de la société civile dans le but d’atteindre cet objectif, notamment en développant des programmes de renforcement de capacités des professionnels du patrimoine pour mettre en œuvre les instruments normatifs et mener la réflexion et le développement des pratiques en matière de protection, de conservation et de sauvegarde.