A peine ces autotests ont débarqué dans les pharmacies en Belgique, en France ou en Suisse, et même dans les supermarchés en Allemagne, qu'ils font déjà partie des stratégies nationales de dépistage pour casser les chaînes de transmission du virus et freiner la propagation de la pandémie.
Beaucoup moins coûteux que les tests PCR (entre 5 et 10 euros), ils sont aussi jugés plus pratiques puisque tout un chacun peut effectuer lui-même le prélèvement et lire le résultat.
Le prélèvement se réalise presque de la même façon que les tests PCR, avec un écouvillon qui doit être inséré dans les narines à une profondeur de 2 à 4 cm, (contre 8 à 10 cm pour le test PCR).
Il suffit ensuite de déposer le prélèvement dans une solution et attendre de voir si une petite barre apparaît, comme c'est le cas pour les tests de grossesse. Si le résultat est positif, il doit être confirmé par un test PCR.
De prime abord, les autotests semblent d'un apport précieux pour les stratégies de dépistage du coronavirus, toutefois leur utilité ainsi que leur mode d'emploi soulèvent de nombreuses questions.
Même si l'autotest parait facile d'utilisation, les autorités sanitaires avertissent que le prélèvement doit être effectué correctement et préconisent de demander conseil à son pharmacien pour éviter toute mauvaise manipulation ou fausse interprétation du résultat.
"Ce sont des tests réservés aux personnes asymptomatiques qui veulent se rassurer, dans le cadre de la sphère familiale. L'état belge a décidé de les mettre en vente dans les pharmacies pour que les clients aient les bonnes informations sur leur utilisation", explique à la MAP Alain Chaspierre, porte-parole de l'Association pharmaceutique belge (APB).
Par ailleurs, le manque de fiabilité des autotests est notamment pointé par certains scientifiques, qui craignent que cet outil de dépistage ne produise l'effet inverse de celui escompté en termes de lutte contre la propagation du virus.
L'Association belge des consommateurs "Test Achats" a ainsi mis en garde que l'autotest ne donne un résultat positif que pour les personnes qui présentent "beaucoup de particules virales", avertissant contre "un faux sentiment de sécurité" créé par ce moyen de testing.
Selon le porte-parole de l'Association pharmaceutique belge, "en termes de sensibilité, il y a un risque dans 10 à 20% des cas d'avoir un faux négatif lorsqu'on est asymptophatique" pour ce qui est des autotests.
"Plus la quantité du virus est importante dans la sphère nasale, plus que la sensibilité de ce test augmente", relève-t-il.
Si la personne fait le test correctement et qu'elle est positive, il faut qu'elle contacte son médecin et se soumette à un test PCR, qui confirmera ou non sa contamination, précise M. Chaspierre. En revanche, si le résultat est négatif, il faut continuer à être prudent et à respecter les mesures sanitaires et les gestes barrières, insiste-t-il.
M. Chaspierre estime qu'en dépit des critiques et des réticences au sujet des autotests, il faut les considérer "positivement" parce qu'ils permettraient à des personnes qui ne se seraient pas testées autrement de se faire dépister contre le Covid-19.
Selon lui, les autotests constituent une arme de plus dans la lutte contre la pandémie de Covid-19 en Belgique, qui s'ajoute aux autres outils de testing à savoir les tests PCR et les tests antigéniques rapides réalisés eux par les professionnels de la santé.
"Prudence extrême" est donc le mot d'ordre lors de l'utilisation des autotests étant donné qu'un résultat négatif ne garantit pas qu'une personne n'est pas contaminée et encore moins qu'elle n'est pas contagieuse.
Le Risk Assessment Group (RAG), qui analyse le risque sanitaire pour la population belge sur la base de données épidémiologiques et scientifiques, a indiqué clairement que ce type de test n'est pas conseillé pour les grands événements de masse et ne devrait jamais être servir d'excuse pour ne pas tenir compte des mesures de précaution.