Partisan du conservatisme libéral et ardent opposant au "correisme", Lasso est présenté comme un fédérateur, une qualité qui lui a permis d'inverser la tendance après un premier tour dans lequel il est arrivé deuxième (19,39%), derrière son rival de dimanche, Andres Arauz, qui prône le socialisme équatorien du XXIe siècle (32,72%).
A 65 ans, Lasso, qui a promis de résoudre les graves problèmes qui affligent son pays, aggravés par la pandémie de coronavirus, a ainsi pris sa revanche contre l'ex-président Correa (2007-2017), en battant son dauphin, le jeune économiste qui a reconnu sa défaite.
Le leader du mouvement de centre-droit Creando Oportunidades (CREO), qu'il a fondé en 2012, soutient que les schémas de gauche et de droite "ont perdu leur validité", bien qu'il soit arrivé à ces élections en alliance avec le parti de la droite chrétienne sociale.
Né à Guayaquil dans une famille de la classe moyenne et dernier de 11 enfants, cet actionnaire du Banco de Guayaquil assure comprendre parfaitement l'angoisse liée à la hausse de la pauvreté, car il a été lui aussi dans le besoin dans sa jeunesse, quand il a dû travailler pour subvenir aux besoins de ses parents et payer ses études.
Lasso, qui n’a pas pu terminer ses études universitaires, a réussi à obtenir un diplôme en administration des affaires de l'Institut de développement entreprenariat et, en 2011, un doctorat honoris causa de l'Université des Amériques en Équateur.
Ancien président exécutif de Banco Guayaquil à partir de 1989, Lasso a fondé en 2008 Banco del Barrio, reconnu par la Banque interaméricaine de développement (BID) comme le plus grand projet de banque en Amérique latine.
Quatre ans plus tard, il a démissionné de la direction de la banque, dont il reste l'un des principaux actionnaires, un profil qui n’a pas toujours été vu de bon oeil. Ses détracteurs lui rappellent qu'il était en 1999 le "super ministre" de l'Économie sous Jamil Mahuad, qui a institué la dollarisation après la pire crise financière du pays.
Lasso fait valoir qu'en raison de divergences avec Mahuad, il n'a occupé le poste que pendant un mois et qu’il a su protéger sa banque face à la crise.
Gouverneur de la province de Guayas entre 1998 et 1999, Lasso a ensuite créé, en 2012, le mouvement CREO. "Pendant plus de dix ans, je me suis préparé à être le président de l'Équateur. J'ai commencé à voyager à travers le pays, à parler avec les gens, à connaître leurs problèmes, leurs besoins", a-t-il déclaré au sujet de son long parcours pour arriver au triomphe de dimanche.
Apôtre de l'économie de marché, il veut gouverner avec un appareil d'État optimisé et dynamiser le secteur privé, tandis que pour sa politique étrangère il prône une ouverture sans préjugés idéologiques et une relation privilégiée avec les États-Unis, principal partenaire commercial de son pays.
Le président élu, qui prendra ses fonctions le 24 mai, s’est dit prêt à intégrer l'Alliance du Pacifique, qui regroupe le Chili, la Colombie, le Mexique et le Pérou.
Marié à Maria de Lourdes Alcivar, il est père de cinq enfants, dont un est aussi banquier. En juin, il devrait être grand-père pour la huitième fois.