Si la pandémie a donné lieu à une mobilisation sans précédent et à de multiples initiatives de solidarité dans le monde, elle a, en revanche, révélé au grand jour l’impréparation dévastatrice des États, y compris les plus riches et avancés, face à la pandémie, malgré tous les rapports internes et les avertissements lancés depuis des années par une kyrielle d’experts et en dépit même des épidémies récentes du SRAS (2003) et de la H1N1. Rien n’était prêt pour le jour, pourtant inévitable, où un virus hyper contagieux ferait son apparition, alors que l’anticipation du risque de pandémie semble avoir été une constante dans le domaine de la recherche stratégique depuis de nombreuses années.
La suite fut à l’avenant : Engorgement ahurissant des hôpitaux conduisant à une mortalité collatérale dramatique, personnel soignant dépassé par le flux des infections, manque de matériel pour les médecins, progression fulgurante du virus, et des vagues successives à cause d’une série de variants super contagieux.
« Le Covid-19 a frappé tous les pays de plein fouet, mais ce sont les communautés déjà vulnérables qui ont été le plus cruellement éprouvées. Ces groupes sont plus exposés à la maladie, moins susceptibles d’avoir accès à des services de santé de qualité et moins à l’abri des conséquences négatives des mesures mises en œuvre pour contenir la pandémie », écrit le bureau de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la région d’Europe dans un message en prévision de la journée mondiale de la santé célébrée le 7 avril de chaque année.
La crise mondiale du coronavirus de 2020 qui restera dans les annales comme un tournant dans l’histoire, est désormais une source d'interrogation et de préoccupations concernant les lacunes de la couverture sanitaire universelle et qui renvoient aux inégalités en matière de santé. Selon des statistiques de l'ONU, « au moins la moitié de la population mondiale n’a pas accès aux services de santé dont elle a besoin" et "chaque année, quelque 100 millions de personnes basculent dans la pauvreté en raison du coût exorbitant des soins ».
Cette profonde inégalité en matière de couverture sanitaire est l’une des raisons pour lesquelles le Covid-19 cause tant de douleur et de souffrance, affirme l’ONU.
« Ce manque d’équité n’est pas nouveau. Même si le monde a vu une amélioration des niveaux moyens de santé et d’espérance de vie et des réductions de la mortalité prématurée, ces progrès n’ont pas été répartis de manière égale entre les différents groupes sociaux et entre les pays. On observe également des différences à chaque âge, depuis les premières années jusqu’à la fin de la vie », souligne l’agence onusienne pour la santé.
Pour l’OMS, « cela n’est pas seulement injuste, mais aussi évitable ». L’Organisation qui entend lancer "une nouvelle campagne pour un monde plus juste et en meilleure santé" demande « aux dirigeants de veiller à ce que chacun jouisse de conditions de vie et de travail favorables pour sa santé. »
« Parallèlement, nous demandons instamment aux décideurs de surveiller les inégalités en matière de santé et de veiller à ce que tous les citoyens puissent accéder à des services de santé de qualité au moment et à l’endroit où ils en ont besoin », souligne la même source.
L’Organisation mondiale de la Santé définit l’équité comme étant la possibilité équitable pour chacun d’atteindre son plein potentiel en matière de santé, indépendamment de la géographie ou du statut démographique, social ou économique.
Il ne fait aucun doute qu’il est essentiel, pour le bien-être, le développement, la durabilité et la résilience de la société actuelle et des générations futures, de donner aux filles et aux garçons un bon départ dans la vie et de veiller à préserver la santé tout au long de l’existence, plaide l’OMS.
Tout en appelant à investir davantage dans les soins primaires pour que tout le monde puisse être en bonne santé, les organisations internationales soulignent que le Covid-19 a montré comment un manque d’équité préexistant a fait courir encore plus de risques à des communautés déjà vulnérables.
Pour triompher des défis actuels et construire la résilience pour l'avenir, des experts du monde entier n’ont eu de cesse d’appeler à ce que la santé soit absolument à la portée de tous. Pour l’ONU, il est capital de s’attaquer aux causes profondes des inégalités, d’investir dans les communautés et d’adopter des mesures de santé publique appropriées.
Sur son site Internet, le bureau régional de l’OMS pour l’Europe souligne l’urgence d’assurer la protection, le dépistage et le traitement de l’ensemble de la population mondiale : « ce n’est qu’alors que nous pourrons éradiquer la pandémie ».
En plus d’assurer un approvisionnement équitable en vaccins, en tests et en traitements, « nous devons, pour pouvoir administrer ceux-ci, renforcer les systèmes de santé », recommande la même source, ajoutant que des personnels de santé performants et des soins primaires efficaces sont essentiels pour que la population puisse obtenir des services quand et où elle en a besoin, le plus près possible de chez elle.