Après plusieurs semaines de doute, de conjectures et surtout de débat polémique, la décision tant redoutée de mettre le pays de nouveau sous cloche a été annoncée mercredi dernier par le président Emmanuel Macron, dont le gouvernement est sous le feu des critiques pour son manque de réactivité face à une situation jugée intenable notamment par les professionnels de la santé.
En effet, le pays est entré depuis plusieurs semaines dans une troisième vague épidémique avec une augmentation exponentielle des nouveaux cas, la propagation de variants du Covid-19, à leur tête la souche britannique plus virulente qui représente plus de 70% des nouvelles contaminations, et des services de réanimation frôlant la saturation dans plusieurs régions du pays, notamment en île de France et la capitale Paris.
Ne décidant de recourir au reconfinement que comme "ultime" recours compte tenu de son coût économique faramineux pour l'Etat et son impact destructeur sur le moral des Français, le gouvernement a privilégié jusqu’à lors des solutions locales à coups de couvre-feu et de restrictions dans une vingtaine de départements classés en vigilance orange, où les taux d' incidence, les contaminations, les hospitalisations et les admissions en réanimation atteignent des records.
Reconnaissant l’impact limité de ces mesures d’ordre local face à des variants très agressifs, l’exécutif s’est finalement décidé pour le choix le plus dur, en plaçant le pays sous cloche, avec la fermeture des écoles et des commerce dits non-essentiels sur l’ensemble du territoire métropolitain, l’interdiction des déplacements interrégionaux, la limitation des déplacements à 10 km du domicile et bien sût le maintien du couvre-feu à partir de 19 heures.
De telles mesures devront coûter à l’Etat français, qui s’est vu contraint à réviser à la baisse ses prévisions de croissance pour 2021, quelque 11 milliards d’euros par mois pour soutenir les entreprises et les travailleurs sommés de cesser leurs activités.
Une somme qui comprend le coût total du fonds de solidarité, du chômage partiel pour l'Etat et des exonérations de cotisations sociales, y compris pour les établissements qui restent ouverts mais sont fortement touchés par la crise, selon Bercy.
Face à la crise sanitaire, qui avait coûté à l'Etat plus de 160 milliards d'euros en 2020, les autorités françaises fondent de larges espoirs sur la campagne vaccinale, qui trébuche toujours à cause de retards de livraisons des vaccins, alors que le gouvernement espère immuniser 30 millions de personnes d’ici l’été.
Pour affronter de la meilleure manière cette troisième vague épidémique et traduire dans les faits ses prévisions de vaccination, Emmanuel Macron a sonné la mobilisation générale à travers le recours à l’ensemble du personnel sanitaire et l’augmentation des capacités d’admission dans les hôpitaux, et surtout dans les services de réanimation.
Et afin d’accompagner l’accélération de la campagne de vaccination dans le pays, 38 vaccinodromes gérés par les sapeurs-pompiers ont été ouverts sur tout le territoire français, dans lesquels jusqu’à 530.000 doses pourront être injectées chaque semaine, alors que la Haute autorité de santé a autorisé les vétérinaires, les dentistes ainsi que les pharmaciens de laboratoires d'analyses à vacciner contre le Covid-19, ce qui permettra à 252.000 professionnels supplémentaires de pouvoir participer à la campagne vaccinale.
Dans le même sillage, le ministère des Armées a annoncé l’ouverture permanente de centres de vaccination dans sept hôpitaux militaires de par le pays.
Comptant sur l’esprit de responsabilité et le civisme des Français pour respecter les nouvelles restrictions, le gouvernement espère pouvoir disposer dans les meilleurs délais des livraisons de vaccins promises par les différents laboratoires internationaux, pour un retour rapide à la normale, sans quoi le pays risquerait d’attendre beaucoup plus, avant d’entrevoir le bout du tunnel.