Surnommé par certains "Wakanda", en référence au royaume utopique et ultra technologique propulsé par le film Black Panther de l’univers Marvel, le Rwanda a mis en place depuis quelques années un plan ambitieux pour le développement d’une industrie spatiale rwandaise, l’objectif étant de préparer le Rwanda à un avenir hyper-connecté.
Améliorer l’agriculture, trouver de l’eau, prévenir les attaques de criquets dans les plantations, lutter contre la désertification, observer la variation des fleuves, le niveau des lacs, aménager les territoires, stopper la déforestation… sont autant d'avantages qu'offrent les technologies spatiales. Des avantages qui ont poussé le Rwanda à se tourner vers le ciel et à intégrer le marché spatial africain qui pèse plus de 7 milliards de dollars par an.
Afin de concrétiser ses objectifs, le pays vient de rejoindre le cercle encore restreint des pays africains qui abritent une agence spatiale, notamment le Maroc, la Tunisie, l'Angola, l'Égypte, le Nigeria et le Zimbabwe.
Le projet de création de l'Agence spatiale rwandaise (RSA) a été voté le 9 mars dernier par la Chambre des députés, un an après son approbation par le président de la République, Paul Kagame.
La création de cette Agence intervient alors que le Rwanda a déjà une expérience dans le domaine spatial. Le pays a lancé son premier satellite en 2019 en collaboration avec le Japon. Pour sa seconde expérience, il a sollicité l’expertise anglaise. Il s’agissait alors d’un satellite Baptisé Icyerekezo destiné à fournir l’Internet dans les écoles.
"Les grandes nations du monde sont les nations spatiales. La RSA sera d’un grand apport dans le développement du pays, notamment dans les domaines de l'agriculture, l'urbanisme, les interventions d'urgence et les prévisions météorologiques", affirme Alexis Nkurunziza, analyste et directeur du Centre rwandais des priorités économiques et politique (CPEP).
Interrogé par la MAP, M. Nkurunziza souligne qu’il existe une corrélation directe entre la puissance d’un pays et sa capacité spatiale, relevant que le dynamisme actuel du secteur spatial rwandais traduit une volonté d’indépendance, et un désir de profiter des opportunités d’affaires qu’offre le segment de marché des services satellites, longtemps monopolisé par des entreprises étrangères.
Le Rwanda, a-t-il poursuivi, est conscient que le développement économique et social d'un pays sans littoral, au milieu de l'Afrique, dépend de plus en plus de la technologie spatiale, notant que l’industrie spatiale est en plein essor et représente un potentiel outil de développement pour le Rwanda et le continent africain.
Et d’ajouter que la "Rwanda Coding Academy", créée en 2019 pour former des experts locaux en développement de logiciels, devrait accompagner les efforts déployés par le gouvernement pour promouvoir l’industrie spatiale dans le pays.
Selon le ministère rwandais des TIC et de l’Innovation, la RSA, grâce à l'utilisation de données satellitaires et de services d'imagerie, soutiendra la prévision et la planification dans l'agriculture, la surveillance de l'environnement, la préparation aux catastrophes ainsi que la planification urbaine.
Elle sera également chargée de préparer les politiques et réglementations qui positionneront le Rwanda de manière compétitive dans l'industrie spatiale, coordonnera et soutiendra des programmes de recherche scientifique et de renforcement des capacités en sciences et technologies spatiales, ainsi que la conception, la construction et le lancement de satellites.
Pour que le Rwanda profite pleinement de ces services de l’espace, il doit former une ressource humaine qualifiée. Dans cette optique, la RSA aura aussi comme tâche de préparer les jeunes aux compétences en matière de technologie spatiale. Un programme sera mis en œuvre pour permettre à plusieurs Rwandais de suivre des formations en la matière aux Etats-Unis et en Israël afin de développer une expertise nationale dans le domaine.