Confrontée à des taux d’incidence élevés par rapport à la moyenne européenne, l’Espagne est en passe de sacrifier pour la deuxième année consécutive les vacances de Pâques malgré la résistance de la communauté autonome de Madrid, qui a rejeté l’application des mesures décidées pour freiner la propagation du virus.
Outre le maintien des mesures visant à interdire les voyages internationaux non-essentiels vers l’Espagne, la plupart des 17 communautés autonomes ibériques sont unanimes à éviter le tourisme intérieur pouvant déclencher une éventuelle quatrième vague du virus. Les régions ont décidé même d’empêcher les déplacements des propriétaires de résidences secondaires pendant la période de fête. En plus, l’archipel canarien a imposé des tests PCR ou antigéniques négatifs pour se déplacer entre les îles pendant les vacances de pâques.
Pour « institutionnaliser » ces mesures, la Commission espagnole de la santé publique, composée de représentants de toutes les communautés autonomes et du ministère de la Santé, a approuvé la fermeture du périmètre des communautés autonomes et la limitation de la mobilité nocturne de 22 à 6 heures lors des vacances de Pâques.
Le texte, ratifié par le Conseil interterritorial du système national de santé (CISNS), demande d'éviter les "déplacements non essentiels" et exhorte les communautés autonomes à "ne pas abaisser le niveau d'alerte" à partir des deux semaines précédant le début de Pâques "bien que les indicateurs soient favorables" et à "maintenir les mesures établies à ce moment-là".
Ainsi, la mobilité serait limitée par la fermeture du périmètre de toutes les communautés autonomes, bien qu'avec les exceptions déjà réglementées par l'actuel état d'alerte, comme le "retour au lieu de résidence habituelle ou de la famille" ou les causes de force majeure.
Il est recommandé que dans les cas soumis à ces exceptions, un test PCR ou un test antigène soit effectué avant le voyage ou à l'arrivée.
Pour la ministre espagnole de la Santé, Carolina Darias, l'objectif reste toujours de descendre à 50 cas d'incidence cumulée.
« Nous nous efforçons de préserver la santé et de continuer à sauver des vies. Nous appelons à la prudence, à la responsabilité et au bon sens. Nous sommes sur la bonne voie, mais nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers », a-t-elle souligné pour expliquer l’obligation de prendre des restrictions plus dures pour éviter tout relâchement.
Toutefois, la Communauté de Madrid, dont la présidente Isabel Diaz Ayuso (Parti populaire, PP) a convoqué des élections anticipées pour le 4 mai, reste ferme dans son rejet de fermer le périmètre de la région pendant les vacances de Pâques.
Les cas de coronavirus ont été réduits de 23% au cours de la semaine dernière, ce qui montre "la nette consolidation de la tendance à la baisse", ont estimé le vice-ministre régional de la Santé publique et du Plan Covid-19 de la Communauté de Madrid, Antonio Zapatero, et la directrice générale de la Santé publique, Elena Andradas.
L'incidence cumulée dans la région s'élève à 245 infections pour 100.000 habitants, soit 60 points de moins que la semaine précédente, ont-ils expliqué.
L'Espagne, qui a franchi le cap des 73.000 morts après avoir connu le mois le plus meurtrier du Covid-19 depuis la première vague, est déterminée à durcir les mesures restrictives et à accélérer la cadence de vaccination pour tenter de reprendre la normalité d’ici l’été prochain.