Les différentes régions du Royaume ont connu la pratique de nombreux sports traditionnels et jeux populaires anciens, qui témoignent d'une civilisation particulière et reflètent la diversité géographique et culturelle du Maroc.
Certains de ces jeux traditionnels sont l'apanage de la gent masculine, tandis que d’autres sont pratiqués par les dames et les enfants. Ils sont également classés en jeux mentaux qui développent l'esprit et nécessite la force de concentration, la clarté de l'esprit et la spontanéité alors que d’autres sont physiques qui mettent en avant la force et l'audace et nécessite une grande forme physique.
L'un des jeux traditionnels les plus connus et qui se pratiquait dans plusieurs régions du Maroc depuis longtemps, est le jeu du "Mchaoucha", qui combine l'art et le sport et incarne les anciennes valeurs de la société marocaine.
Ce jeu était répandu dans les médinas de Fès et Meknès à la fin du 19è et le début du 20è siècles prenant la forme d’une lutte. Cette discipline était également pratiquée à Marrakech sous le nom de "Mchaicha" qui était régi par des règles précises comme l’interdiction de tirer l’adversaire par les vêtements et l’utilisation des mains et se contentant des jambes pour mettre l’adversaire à terre.
Le jeu traditionnel de "Chirra" a également été pratiqué au Maroc et se caractérisait par une grande compétitivité entre les tribus qui se regroupent autour d’une balle fabriquée par des feuilles de palmiers. Cette balle est manipulée à l'aide de bâtons sculptés dans des tiges de palmier pour la mettre dans un trou ou sur le terrain de l’équipe adverse.
Les Marocains jouaient également au jeu de tir à la corde qui se déroulait sur les plages et les jardins par les jeunes catégories dont le but est de tirer l'autre équipe, en utilisant la force, vers la limite pour remporter la partie.
D'autres sports populaires divertissants étaient également pratiqués dans la société marocaine à l’instar de "Tachmat" qui ressemble au hockey, "Rakla" une lutte qui recourt uniquement à l’usage des jambes et "Nsassa" qui ressemble beaucoup au judo actuel.
Pour le chercheur en civilisation et patrimoine marocain, Abdelilah El Ghzaoui, les jeux traditionnels, qui font partie intégrante du patrimoine marocain authentique représentent l'art, la créativité, le divertissement et un sport favorisant l'intégration de l'individu dans la société.
Dans une déclaration à la MAP, M. El Ghzaoui a expliqué que ces jeux, dont sont issus de nombreux sports modernes, comprennent deux catégories dont la première se base sur la force physique et musculaire, comme "Al Maabaza", qui est considérée comme un type de "catch".
Cette discipline qui a précédé le sport de la lutte au Maroc, dispose de ses propres rituels, pratiques et règlements, a précisé M. El Ghzaoui, qui cite l'exemple de Sidi Ahmed Oumoussa, dont les mouvements acrobatiques s'apparentent à la gymnastique moderne et à l'escrime.
Quant au second type de ces jeux, poursuit le chercheur, il se base sur l'intelligence, la vivacité de l'esprit, et parfois sur la ruse, à l'instar des jeux de cartes et de dames. Ces derniers se pratiquent dans les provinces sud du Royaume, particulièrement durant le mois de Ramadan, a-t-il ajouté.
Cependant, le jeu traditionnel le plus célèbre dans de nombreuses régions marocaines est celui de la "Mchaicha" ou encore la "Mchaoucha", a fait savoir le chercheur, notant que ce type de sport populaire, caractérisé par la souplesse et l'endurance, nécessite un entraînement spécial pour apprendre les techniques.
Cette discipline était pratiquée lors des cérémonies de naissance et des événements religieux, notamment à Meknès et au moussem Moulay Idriss Zerhoun, a rappelé le chercheur, qui relève que certaines de ces manifestations sont encore modestement présentes dans certaines villes comme Marrakech.
À cet égard, M. El Ghzaoui a déploré la marginalisation et la disparition progressive de ces jeux dans la plupart des régions en raison de l'émergence de nouveaux moyens de divertissement sophistiqués. Cette négligence du patrimoine culturel aura inévitablement un impact profond sur l'identité marocaine, a-t-il ajouté.
Le chercheur a appelé tous les intervenants la chose culturelle et sportive à revigorer ces jeux à travers l'organisation de festivals saisonniers de ces disciplines qui ont marqué la personnalité des Marocains et contribué indéniablement à imprégner leur culture de l'enfance à l'âge adulte.