Voilà un autre sujet préoccupant qui vient s'ajouter aux innombrables défis créés par la sortie du Royaume-Uni de l'UE.
L'autonomie du Royaume-Uni dans l'élaboration de ses propres règles environnementales a été l'une des revendications majeures des Brexiters lors du référendum de 2016 sur l'appartenance de l'UE. Ces revendications sont prises en compte par le gouvernement conservateur de Boris Johnson, qui ambitionne de faire du Royaume-Uni un leader mondial dans le domaine de l'environnement.
Cependant, l'enlisement des négociations entre Londres et Bruxelles sur des questions cruciales comme la préservation de la paix dans l'île d'Irlande, la concurrence équitable et la répartition des quotas de pêche, n'a pas laissé au Royaume-Uni suffisamment de temps pour élaborer des stratégies à même de transposer les règles européennes dans son propre système, avant de quitter l'Union européenne.
Le gouvernement de Boris Johnson, qui a promis un "Brexit vert", avait clairement indiqué son intention de maintenir les lois et les normes environnementales européennes à court terme et de s'en servir comme base afin de les améliorer à plus long terme.
Toutefois, un rapport publié récemment par "Greener UK", une coalition de 12 organisations environnementales, fait état d'une régression des standards du Royaume-Uni en matière de protection environnementale après le Brexit, malgré les promesses gouvernementales.
Ce rapport signale que l'adoption de la nouvelle loi qui devrait remplacer les obligations actuelles sera reportée à l'automne, alors que de nombreuses dispositions de ce texte ne concernent que l'Angleterre et l'Irlande du Nord.
De même, la mise en œuvre de politiques juridiquement contraignantes en matière de lutte contre la pollution, de préservation de la nature, de recyclage des déchets et d'économie des ressources a été différée à 2037, alors que le nouveau régulateur environnemental qui devrait remplacer l'Agence européenne pour l'environnement (AEE) n'a pas encore vu le jour.
Le rapport conclut aussi que les principes environnementaux censés empêcher le gouvernement de mettre en place des projets nuisibles à l'environnement, ne s'appliqueront pas dans des départements clés, tels que la Défense et le Trésor.
Le rapport estime par ailleurs que les nouvelles réglementations sur les produits chimiques seront probablement à la fois "coûteuses et inefficaces", alors que le gouvernement a refusé d'adopter une loi qui garantit que les futures règles environnementales ne seront pas plus faibles que celles adoptées avant que le Royaume-Uni ne devienne un Etat tiers.
L'analyse de Greener UK, qui classe selon un système de signalisation, l'avancement des politiques entreprises en matière d'amélioration de la qualité de l'air, d'économie des ressources, d'utilisation durable des terres et de respect du climat, montre une stagnation dans le développement des standards adoptés dans la majorité des secteurs, voire une régression en ce qui concerne l'amélioration de l'air, l'usage des produits chimiques, la préservation de la nature et la gestion des déchets et des ressources.
Le Brexit met également en lumière la complexité de l'imbrication des différents niveaux des normes environnementales.
En effet, la question de la protection de la nature par exemple est régie à la fois par des directives nationales, mais aussi par d'autres législations spécifiques au niveau des gouvernements des quatre nations constitutives du Royaume Uni.
Ces législations locales pourront être des sources de conflits entre les gouvernements dévolus et le gouvernement central à Londres, si les premiers souhaitent conserver un haut de niveau de protection environnementale alors que ce dernier s'y oppose.
Le gouvernement britannique se veut toutefois rassurant face à ces défis en annonçant son ambition de conduire "une révolution verte", à travers un plan de transition écologique décliné en dix points.
Dévoilé en novembre par le Premier ministre Boris Johnson, ce plan, qui vise à faire du Royaume-Uni un leader mondial en matière de lutte contre le réchauffement climatique, a pour objectif d'atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 et d'interdire les ventes de voitures diesel ou essence à partir de 2030, afin de les remplacer par des véhicules électriques.