Alors que les dirigeants du groupement du Dialogue quadrilatéral sur la sécurité (QUAD) s'apprêtent à tenir leur premier Sommet ce vendredi, le Premier ministre indien Narendra Modi et son homologue japonais Yoshihide Suga se sont dits mardi engagés à renforcer la coopération avec l'Australie et les États-Unis pour "relever les défis communs et garantir une région Indo-Pacifique libre et ouverte".
De même, les États-Unis, qui ont pris l'initiative d'organiser le Sommet virtuel auquel prendront part les dirigeants des quatre pays, ont souligné mardi que cette rencontre traduit "l'importance que nous accordons à une coopération étroite avec les alliés et les partenaires de la région Indo-pacifique".
En fait, la Chine se méfie du QUAD, qui a été initié en 2007 et relancé fin 2017 à l’initiative de l’ancien président américain, Donald Trump, et ses soupçons se sont accrus depuis que les quatre pays ont porté le forum au niveau ministériel en septembre 2019.
Ce Sommet intervient dans un contexte marqué par la recrudescence des conflits frontaliers entre la Chine et l'Inde et la montée des tensions économiques entre la Chine d'une part et les États-Unis et l'Australie, d'autre part. A cela s’ajoute le conflit persistant entre la Chine et le Japon sur les îles Senkaku, cet archipel administré par le Japon mais aussi fermement revendiqué par la Chine.
Face aux ambitions de la Chine dans l’Indo-Pacifique et sa politique jugée "expansionniste", les quatre pays ont réaffirmé "l’importance de garantir un Indo-Pacifique libre, ouvert et inclusif".
Et pour rehausser le niveau de coordination et de lutte contre les défis communs, les pays du QUAD ont mené en novembre dernier d’importantes manœuvres navales conjointes dans le golfe du Bengale baptisées "Malabar".
Selon des observateurs, la Chine s'efforce d'accroître son influence sur plusieurs pays de l’Indo-pacifique notamment la Birmanie, le Sri Lanka, le Népal et le Bangladesh, suscitant de vives inquiétudes de la part de New Delhi qui considère ces pays comme ses alliés historiques.
Quoi qu’il en soit, le QUAD est vu d’un œil méfiant par la Chine. Le journal chinois à large diffusion "Global Times" l’a qualifié d’une "une sérieuse bourde stratégique" et qu'il risquait une "sérieuse confrontation stratégique" avec Pékin en essayant de limiter son influence.
De même, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi l’a comparé à une "nouvelle OTAN Indo-Pacifique".
En fait, l'annonce du nouveau Sommet, le premier du genre entre les chefs des quatre États membres, intervient quelques jours après que le chef de la diplomatie chinoise ait plaidé en faveur d’un "véritable multilatéralisme" et contre les groupements exclusifs ou le "multilatéralisme sélectif".
Cependant, les quatre pays du QUAD ont affirmé que le Sommet sera axé sur l’examen des moyens à même d'augmenter le rythme de production de vaccins par l'Inde, le plus grand producteur mondial, qui prévoit également de fournir au moins 200 millions de doses au programme COVAX en sus des mesures pour garantir rapidement des doses au profit de davantage de pays en développement d'Asie et d'Afrique.
Il s’agit également de discuter de moult sujets d’actualité dont les changements climatiques, la sécurité maritime, la liberté du commerce, l’énergie et la promotion des technologies de l’espace.
A l’heure qu’il est, le QUAD est limité aux quatre pays, mais des observateurs prévoient que ce groupement prendrait la forme d’un "QUAD Plus" avec une éventuelle adhésion du Vietnam, de la Corée du Sud et ou encore la Nouvelle-Zélande.