Ces accusations ont soulevé une véritable tempête politico-médiatique contre le gouverneur démocrate, ses détracteurs et même plusieurs élus de son parti ayant appelé à sa démission.
Andrew Cuomo est aussi sous les feux de la critique depuis quelque temps en raison de la gestion par son administration de la situation dans les maisons de retraite lors des premiers mois de la pandémie, durant lesquels des milliers de personnes âgées ont succombé à la maladie au sein de ces établissements.
Le gouverneur le plus médiatisé des Etats-Unis est accusé d'avoir dissimulé le véritable nombre de morts du Covid-19 dans les maisons de retraite à New York, état qui compte une grande population de personnes âgées, première victime de la pandémie en termes de fatalités.
Mais le gros des ennuis du gouverneur semble venir des accusations portées contre lui par trois femmes, dont deux anciennes collaboratrices, depuis la fin du mois dernier.
Lindsey Boylan, une ex-conseillère économique de 36 ans qui est actuellement candidate à la présidence de l'arrondissement de Manhattan, a été la première à monter au créneau pour accuser le gouverneur de comportement inapproprié à son égard quand elle travaillait avec lui entre 2015 et 2018.
Ensuite, une autre jeune ex-employée de 25 ans, Charlotte Bennett, a soutenu que M. Cuomo, 63 ans, lui avait fait des avances l’année dernière. La jeune employée a dit s’être plainte à des conseillers du gouverneur, qui l'ont ensuite transférée à un autre poste du côté opposé du bâtiment abritant les bureaux de son administration à Albany.
La troisième accusatrice, Anna Ruch, 33 ans, qui n'a jamais travaillé pour le gouverneur, a fustigé aussi le comportement de l'homme politique lors d'une fête de mariage en 2019.
Saisie de ces plaintes, la procureure générale de l'état de New York, Letitia James, a entamé une enquête sur les allégations d’harcèlement sexuel visant le gouverneur, et a indiqué qu'elle compte rendre publiques ses conclusions.
Mais, les élus démocrates de New York, dont plusieurs sont furieux suite à ces plaintes d’harcèlement sexuel mais aussi par le mode de gouvernance et le tempérament du gouverneur, jugés agressifs et intimidants, ont fait pression pour qu'il quitte ses fonctions.
"Je n'ai pas été élu par des politiques, j'ai été élu par les habitants de l'état de New York, je ne démissionnerai pas", a répondu le gouverneur Cuomo, lors d’une conférence de presse la semaine dernière.
Il a dit "s'excuser profondément" d'avoir blessé certaines femmes. "Je ne savais pas du tout à l'époque que je mettais quiconque mal à l'aise. Jamais je n'ai voulu offenser quiconque, blesser quiconque, ou faire souffrir quiconque", a-t-il soutenu.
Andrew Cuomo, qui dirige l’état de New York depuis 2011, a appelé les New-yorkais à attendre les conclusions de l'enquête sur ces accusations "avant de se forger une opinion" sur lui.
Mais le mal semble être déjà fait. La réputation du gouverneur, que plusieurs voyaient comme un futur sérieux candidat à l’élection présentielle, a pris un revers suite à ces accusations, surtout dans un état très sensible à la question des droits des femmes.
Selon plusieurs observateurs, le gouverneur sera de toute évidence confronté à un sérieux challenge s’il venait à briguer un quatrième mandat inédit en 2022 à New York. Mais la plupart pense qu'il ne va pas rempiler à nouveau, et que si d’autres accusations font surface, il risque même de ne pas être en mesure de terminer son mandat actuel de gouverneur.
Déjà, son autorité va bientôt diminuer d’un cran, en ce sens que les élus locaux ont annoncé dernièrement un accord visant à le priver des pouvoirs spéciaux que le Parlement de l'état de New York lui avait octroyés au début de la pandémie.