Commentant la décision de l’Union européenne (UE) de retirer le Maroc de la liste grise de la fiscalité, le ministre a noté que le Royaume a, dès le départ, considéré que le dialogue doit être la base de la gestion des dossiers sensibles entre les deux partenaires et que l'UE, avec ce genre de liste, devrait tenir compte de la globalité du partenariat.
Il a expliqué que «l'UE ne peut pas établir des critères et dire on les utilise pour les Îles Caïmans, on les utilise pour le Maroc», faisant remarquer que «si le voisinage sud est important, il ne doit pas subir les conséquences de décisions prises par l'UE».
Pour M. Bourita, «les pays du sud de la Méditerranée doivent être associés, pas à la décision, mais au moins à la réflexion», notant que «le Maroc a demandé à l'UE de sortir de cette logique du professeur et de l'élève et de rentrer dans une logique de concertation où chacun comprend les soucis de l'autre pour arriver à des solutions qui pourraient satisfaire les intérêts de l'Europe sans faire dommage aux intérêts du Maroc».
Selon le ministre, le même raisonnement est valable en ce qui concerne la gestion du dossier migratoire.
«Toute démarche qui cherche à trouver les coupables plutôt que les solutions est une mauvaise piste. La migration est un phénomène naturel entre les deux rives », a-t-il relevé, précisant que «l'approche devrait être concertée pour trouver une solution à un défi commun, pas destinée au name and shame».
Pour M. Bourita, «la solution de facilité est de tout mettre sur le dos des pays de transit parce que régler le problème à l'origine semble difficile et parce que, dans les pays d'accueil, il y a une pression politicienne telle que personne ne veut assumer une discussion sereine, lucide sur le phénomène migratoire. Donc, la culpabilisation excessive des pays de transit est une mauvaise piste».
Le ministre a souligné dans ce contexte que «le Maroc assume ses responsabilités, mais ne jouera jamais le gendarme, parce que ce n'est pas sa vocation, sa conviction».
Le Maroc, a ajouté M. Bourita, «considère que le phénomène migratoire est exagéré pour des raisons plutôt politiciennes qu'objectives», expliquant que «les chiffres démontrent que la migration africaine vers l'Europe est minoritaire : c'est moins d'une personne sur dix».
Il a rappelé qu’en coordination notamment avec l'Espagne, le Maroc mène des opérations de lutte contre les réseaux de trafic qui ne se trouvent pas nécessairement de ce côté-ci de la rive méditerranéenne.
Le nombre de réseaux démantelés est énorme et l'effort sécuritaire et matériel déployé par le Maroc vise, a-t-il dit, à garantir que la route ouest de la migration soit la moins utilisée, même si c'est la route la plus évidente comparée aux routes centrale et est.
Au sujet de la récente communication de l’UE sur sa nouvelle politique de voisinage sud, M. Bourita a affirmé que «la pandémie interpelle le partenariat Maroc/UE pour se projeter dans l'après-Covid-19. Et l'après-Covid-19, ce n'est pas que du voisinage, une coopération classique, quoique très fructueuse ».
La récente communication de la Commission européenne est pertinente pour son timing et novatrice par son approche, a-t-il estimé, se félicitant du fait que le commissaire européen Oliver Várhelyi et l'UE en général ont fait un effort pour consulter les pays concernés avant la finalisation de la communication, alors qu’ «avant on la découvrait avec les médias».
Le ministre a noté que le contenu de la communication de la Commission européenne «nous conforte dans la démarche globale», rappelant qu’en juin 2019, le Maroc et l'UE se sont mis d'accord sur quatre axes de coopération qui sont, aujourd'hui, très pertinents.
Dans sept des douze projets phares proposés, notamment le Fonds Mohammed VI pour les investissements stratégiques, les énergies renouvelables, l'agriculture durable, la protection sociale, «le Maroc sent une convergence entre les priorités nationales et les priorités que l'UE veut donner dans ses relations avec le voisinage», a ajouté M. Bourita.
Répondant à une question sur «le contentieux à répétition» auprès de la Cour de justice de l'UE lié aux accords agricole et de pêche, le ministre a souligné qu’il s’agit plutôt d’une «guérilla».
"C'est de la guérilla, ce n'est pas de la stratégie», a-t-il rétorqué, notant que «si l'Europe croit au partenariat entre le Maroc et l'UE, elle doit être consciente que ce partenariat a des ennemis. C'est à l'Europe de réagir à ce harcèlement judiciaire».