Bien que le pays des mille collines ait été classé 1er du continent africain et 6ème du monde pour sa gestion de la Covid-19 par l'institut Lowy, il reste durement affecté par l'effet des graves perturbations qui, même un an après le début de la propagation du virus, frappent toujours sans merci l’offre et la demande intérieures, mais aussi les échanges et la finance.
Les prévisions de croissance et les perspectives économiques restent très incertaines, car les risques de nouvelles vagues de contagion, d'inversion des flux de capitaux et de nouvelle diminution des échanges internationaux se profilent toujours à l'horizon.
La 16e édition du Rwanda Economic Update, publiée le 8 février par la Banque mondiale (BM), précise que le produit intérieur brut (PIB) du Rwanda aurait chuté de 0,2% en 2020, par rapport à une hausse prévue de 8% avant l’épidémie de coronavirus.
D’après le rapport de la BM, le choc désastreux produit par la crise sanitaire mondiale a créé un déséquilibre dans la stratégie de croissance du pays en raison de la perturbation des services de voyage et d’accueil, la hausse du taux de chômage, les pertes de revenus et l’augmentation des prix de consommation.
La mise à jour économique estime qu’en raison du confinement, de la distanciation sociale et de l’augmentation des coûts associés à la pandémie, le taux de pauvreté devrait augmenter de 5,1 points de pourcentage (plus de 550.000 personnes) en 2021, avec plus de 80% des nouveaux pauvres dans les zones rurales.
Pour Calvin Djiofack, économiste principal de la Banque mondiale, la gravité de l’effet est due au moins en partie au fait que la crise a frappé là où elle a le plus touché, les services de voyage et d’accueil, qui sont les secteurs pour lesquels le pays a massivement investi ces dernières années à travers ses MICE (Meetings, Conférences internationales et événements).
"La crise appelle au rééquilibrage de la stratégie de croissance, en mettant davantage l’accent sur les activités liées aux zones rurales et en mettant davantage l’accent sur l’intégration régionale pour réduire la vulnérabilité aux chocs internationaux", a-t-il insisté.
La BM estime que le gouvernement rwandais a lancé une réponse "rapide et robuste" à la pandémie, avec l’adoption du plan de relance économique (ERP) estimé à 900 millions de dollars américains sur les deux exercices 2019/20 et 2020/21, notant que les programmes de filets de sécurité sociale ont déjà réduit la pauvreté de 1,2 point de pourcentage en 2020.
En outre, le rapport souligne qu’en l’absence d’actions décisives, les effets néfastes sur l’éducation et la santé ont le potentiel de réduire la productivité à long terme et de ralentir le potentiel de croissance à long terme du pays.
"La longue fermeture des écoles et la baisse des revenus des ménages réduiront probablement les inscriptions scolaires, car de nombreux étudiants cherchent un emploi", a averti le rapport qui estime que la part des étudiants dans l’emploi total est passée de 3,4% en février 2020 à 8,8% en août 2020.
D’après la BM, la réponse rapide et efficace du gouvernement à la pandémie a largement atténué l’impact négatif potentiellement important sur les services essentiels de santé et de nutrition. Le Rwanda a connu des perturbations dans la prestation des services de santé, mais, note le rapport, celles-ci semblent être en grande partie transitoires.
L’analyste économique Alexis Nkurunziza relève que la poursuite de la circulation du virus et les risques de nouvelles vagues épidémiques créent une incertitude suffisamment importante pour peser sur la reprise de l’économique et sur la stratégie de croissance du pays.
Interrogé par la MAP, l’analyste rwandais a souligné que le lancement de la campagne de vaccination au Rwanda pourrait permettre une "reprise vigoureuse de la croissance économique dans le courant de l’année 2021".
"Bien que l’avenir reste incertain, la priorisation des investissements dans le capital humain devrait permettre au Rwanda atténuer efficacement les effets du choc et jeter les bases d’une résilience économique robuste", a-t-il ajouté.
La BM a accordé récemment un prêt de 500 millions de dollars au Rwanda avec pour objectif de financer son plan de relance économique et soutenir sa campagne de vaccination contre la Covid-19.