Après le retrait de Miquel Iceta de la course électorale comme tête de liste des socialistes en Catalogne, M. Sanchez a décidé de remettre la candidature à son ministre de la Santé, suscitant ainsi les critiques de toute l'opposition, et même de son partenaire au gouvernement, Unidas Podemos, pour avoir opéré ce changement en pleine pandémie de la Covid-19.
En fin de compte, l'effet dit "Illa" a donné des ailes aux socialistes, qui ont remporté la victoire en termes de voix (près de 23%) avec 33 sièges, presque le double de celles obtenues en 2017 (17), un résultat jamais vu depuis 2006.
Cependant, ce résultat, qui fait du PSC la première force politique dans cette région de 7,5 millions d'habitants, n'est pas suffisant pour renverser l'échiquier politique afin de faciliter la formation d'un gouvernement dirigé par les socialistes, au vu de la résistance manifestée par les forces indépendantistes.
Les formations nationalistes plaidant pour l’indépendance de cette région du nord-est de l’Espagne ont réussi à consolider la majorité dont elles disposaient avec la tenue de ce scrutin.
La Gauche Républicaine de Catalogne (ERC) a remporté 33 sièges (+1), presque le même score obtenu lors des élections de 2017, alors qu’Ensemble pour la Catalogne (JxC) s’est adjugé 32 sièges, deux de moins qu’il y a quatre ans et la CUP a pu avoir 9 députés au parlement régional, améliorant de 5 sièges son précédent résultat.
Les partis indépendantistes, qui gouvernent la Catalogne depuis 2015, totalisent 74 sièges contre 70 lors de la législature qui vient de s'achever. La majorité absolue au parlement régional est fixée à 68 sièges.
Confiant, Salvador Illa se dit plus décidé que jamais à se présenter à l’investiture pour détrôner les indépendantistes du pouvoir et « récupérer » la Catalogne des mains des partis défendant la division et l’indépendance.
Cet objectif passe forcément par une alliance avec la Gauche Républicaine de Catalogne (33 sièges), qui a soutenu le gouvernement de Pedro Sanchez sur plusieurs projets au niveau national dont le Budget de l’État, et Comu Podemos (8 sièges), partenaire des socialistes au sein de l’exécutif de coalition, pour totaliser 74 députés. Un pari délicat, mais pas impossible.
Selon les analystes politiques, Salvador Illa, qui a redoré le blason du camp socialiste, se montre optimiste sur ses possibilités. Sa stratégie table sur l’exploitation des divisions internes et des tensions entre les composantes des partis indépendantistes, notamment les deux partenaires dans la gestion du gouvernement régional; ERC et Ensemble pour la Catalogne, qui se sont livrés à un échange d’accusations.
Le caractère modéré de ERC, qui plaide pour le dialogue avec Madrid avant de prendre toute démarche vers l’indépendance contrairement à Ensemble pour la Catalogne, qui cherche la confrontation, peut être un facteur déterminant pour nouer les prochaines alliances en Catalogne.
Pour Illa, cette victoire est « celle de tous les Espagnols ». « Ce scrutin est un point d’inflexion pour changer la Catalogne, une région qui mérite un présent et un avenir meilleurs », a-t-il dit après la publication des résultats.
« Les Catalans veulent le changement, veulent l’unité et le progrès. Je vais poursuivre le chemin et je vais me présenter à l’investiture dans le but de faire face aux forces qui cherchent la division », a relevé un Illa exalté qui a promis de changer l’échiquier politique dans une région qui vit une tension politique depuis 10 ans.
Et comme dans la politique rien n’est irréversible, un gouvernement de gauche composé du PSC/ERC/Comu Podemos en Catalogne ne serait pas impossible.
Les Catalans ont fait leur choix, maintenant c’est au tour des politiciens !