En effet, "Le Super Mario", comme le surnomment désormais les Italiens, jouit de la confiance du chef de l'Etat, qui a émis le souhait de voir le pays dirigé par un gouvernement de «haut niveau» capable de «faire face aux graves crises sanitaires, sociaux et économiques" qui secouent l'Italie.
L'annonce de la nomination de M. Draghi, 73 ans, pour former le gouvernement italien, a été accueillie avec grand soulagement en Europe et par les marchés financiers mondiaux, les cours des actions européennes et italiennes ayant marqué une nette augmentation.
Connu pour sa discrétion, son sérieux et ses hauts faits d'armes approuvés en économie avec un doctorat obtenu dans ce domaine du Massachusetts Institute of Technology (MIT), la prestigieuse université américaine, Draghi est notamment crédité d'avoir sauvé la zone euro de la crise de la dette en 2011.
En outre, Draghi a joué un rôle clé dans les négociations d'adhésion de son pays à la zone euro, a supervisé la privatisation d'un certain nombre d'institutions du secteur public en Italie et a joué un rôle majeur dans les coulisses pour parvenir à des accords entre les dirigeants de la zone euro sur les mesures pour résoudre la crise de la dette en 2011.
Au ministère des Finances, il a joué un rôle décisif pour surmonter la crise financière qu' a connu l'Italie en 1993 sans l'aide de l'étranger. On lui attribue également le mérite d'avoir mis en œuvre avec succès un programme de privatisation d'une grande partie des biens publics.
Ses succès se sont poursuivis en dehors de son pays, qui compte désormais sur lui pour dissiper les doutes soulevés par la crise politique sur la capacité de l'Italie à gérer la crise liée à la pandémie du nouveau coronavirus et à mettre en œuvre un plan de relance économique de 222,9 milliards d'euros, que Rome doit soumettre à Bruxelles avant le 30 avril.
Après sa nomination à la tête du gouvernement, Draghi a appelé à «l'unité» pour faire face à une «conjoncture difficile» que traverse le pays, soulignant que «la prise de conscience que nous traversons une crise exige des réponses à la mesure de la situation» au moment où l'Italie, qui a enregistré plus de 92.000 décès depuis le début de l'épidémie, plonge dans la pire récession économique depuis la Seconde Guerre mondiale, avec un PIB en baisse de 8,9% en 2020.
"Nous avons à notre disposition les ressources extraordinaires de l'Union européenne et nous avons la possibilité de faire beaucoup pour notre pays tout en accordant une attention particulière à l'avenir des jeunes générations et en promouvant la cohésion sociale", a-t-il affirmé.
L'Italie est en effet confrontée à des défis urgents. Parmi ceux-ci, le succès de la campagne de vaccination qui a été affectée, comme dans le reste des pays européens, par la lenteur de la livraison des vaccins, puisque seuls 1,2 million d'Italiens sur 60 millions ont été vaccinés, outre la mise en œuvre du plan de relance économique, et la réduction de la dette accumulée par la troisième économie de la zone euro, et dont le montant s'élève à 2 600 millions d'euros, soit 158% du PIB à fin 2020, soit le taux le plus élevé de la zone euro après la Grèce.
Toutefois, les difficultés ayant marqué les consultations pour la formation du gouvernement en raison des divisions au sein des partis politiques, en particulier le Mouvement 5 étoiles, le Parti démocrate et la Ligue, ont rendu difficile l'accélération de la mise en place d'un nouveau exécutif. Devant l'impasse, M. Draghi rencontrera ce weekend au plus tard le chef de l'Etat pour se prononcer sur les nom des membres de son équipe.
Selon le journal "Corriere Della Sera", "c'est la première fois que le Premier ministre désigné et le président de la république décideront des noms des membres du futur gouvernement sans la médiation des partis politiques".
Dans ce contexte crucial pour l'avenir du pays, les chefs des partis politiques ont exprimé leur attachement à l'article 92 de la Constitution autorisant le président de la République à décider de la composition du nouveau gouvernement, qui comprend une coalition du Parti démocrate (centre gauche), de la Ligue (extrême droite ) dirigé par Matteo Salvini et du parti Forza Italia ( droite) dirigé par Silvio Berlusconi.
Certains analystes politiques estiment que Draghi peut être considéré comme "le sauveur de l'Italie" et l'homme de la situation sur lequel les Italien fondent de grands espoirs. Toutefois, ces observateurs craignent, qu'avec le temps, les grands partis ne se retournent contre lui au risque d'enclencher une nouvelle crise politique.