En remportant le premier prix du concours des capsules vidéo organisé par l'association "Relais prison-société" au profit des jeunes de Hay Mohammadi ayant bénéficié du programme lancé par cette association sous le signe "Pour une inclusion innovante des jeunes de Hay Mohammadi", Mustapha Maslak a réussi à parcourir la moitié du chemin vers la réalisation de son rêve de devenir un artiste professionnel dans le domaine de la photographie en mettant à profit ses capacités à surmonter l'obstacle de la marginalisation et de vivre sans but précis dans la vie.
Dans une déclaration à la MAP, Mustafa indique qu'il faisait partie des bénéficiaires de l'atelier initié par l'association sur les techniques de production et de montage de vidéos, et après une formation de deux mois et demi, j'ai participé au concours organisé sous le thème "Parlez librement et positivement" et le gagnant devait recevoir un appareil photo, ce qui a incité les participants à mobiliser leurs efforts et leurs capacités pour la réalisation d'une capsule vidéo et remporter le premier Prix.
Et d'ajouter que grâce à l'association, "nous avons acquis les techniques nécessaires, ce qui nous a aidés à mettre en valeur nos capacités dans plusieurs domaines créatifs, et franchement nous avons bénéficié d'un grand soutien de la part des organisateurs, et c'est formidable de rencontrer des personnes qui pensent à vous sans attendre une contrepartie".
Mustafa qui avait travaillé auparavant dans le domaine de la cuisine et de la coiffure avant de choisir le monde de la photographie, affirme que le principal souci des participants au concours était de remporter le prix et gagner l'appareil photo qui constitue pour nous la clé de l'avenir pour réaliser nos rêves et nos aspirations et accéder à de nouveaux horizons, soulignant avec un ton de défi que «nous l’avons mérité, car nous nous sommes battus avec férocité ».
Concernant l'insertion des jeunes de Hay Mohammadi, notamment ceux issus de milieux défavorisés ou ceux qui ont vécu l'expérience carcérale, il y a lieu de rappeler dans ce cadre le projet de l'association "Relais prison-société" qui a été ciblé pendant dix mois (de avril 2020 à mi-janvier 2021), les jeunes de Hay Mohammadi, dont le nom revêt une grande signification pour les Casablancais avec son histoire et ses stars qui ont brillé dans le domaine de la créativité dans le sport, le théâtre, l'art ou encore la chanson.
52 jeunes (45 jeunes hommes et 7 filles), d'une tranche d'âge variant entre 18 et 26 ans, ont bénéficié du projet lancé par l'association précitée avec le soutien de l'Union européenne dans le cadre du programme «Participation citoyenne» qui adopte la culture comme un outil de changement chez des jeunes passionnés par l'art de la photographie et avides d'expression à travers l'innovation.
Parmi les axes de la formation suivie par ce groupe de jeunes figurent la formation sur techniques de communication, la création et l'entretien des sites électroniques, les techniques de production et de montage vidéo, en plus d'ateliers sur l'écriture du storytelling et scénario et les techniques de construction de projets et la recherche d'emploi.
Dans une déclaration similaire, le directeur de l'association, Youssef Madad, a souligné que le travail de terrain avec les habitants de Hay Mohammadi a ciblé au départ les jeunes qui ont vécu l'expérience carcérale dans le but de les réinsérer, mais il s'est avéré par la suite qu'il est plus avantageux de les intégrer parmi les jeunes de leur génération qui à leur tour éprouvent des difficultés les rendant incapables de s'ouvrir sur leur environnement et faire attention à ce qui se passe autour d'eux.
Les efforts ont été axés sur l'implication des jeunes en étant attentif à leurs suggestions et en tenant compte de leurs préférences sans exercer aucune sorte de tutelle sur eux, et l'attention a été focalisée sur tout ce qui a trait à l'expression artistique comme la photographie et la vidéo en plus d'autres ateliers sur la participation citoyenne et les mécanismes de suivi des politiques publiques, le but étant de les aider à bien exprimer leurs besoins et leurs aspirations.
M. Madad a également indiqué que l'objectif principal est de former les jeunes à recevoir le flambeau pour diriger le projet et accompagner les autres des jeunes dans cette expérience innovante, ajoutant que "nous les accompagnons sur le plan logistique et théorique, et eux ils perfectionnent l'idée et assurent son transfert à d'autres associations pour la reproduire".
Ainsi, l'objectif de redonner confiance aux jeunes du quartier, qui vivent encore de la nostalgie des années 70 lorsque Hay Mohammadi était un phénomène créatif exceptionnel et en avance sur son temps, est devenu une priorité pour constituer un tournant dans la vie des jeunes souffrant de la marginalisation et la précarité.
Parmi ces jeunes, certains ont dévié de leur chemin à cause de plusieurs facteurs dont la rareté des espaces dédiés à l'encadrement des jeunes pour mettre en avant leurs talents et leurs compétences, et des circonstances qui les ont menés à la prison.
D'autres jeunes restent prisonniers du passé de ce quartier qu'ils restituent à travers les chansons des groupes "Nass El Ghiwane", "Lemchaheb" et aussi les photos des stars de Hay Mohammadi en attendant une occasion à même d'améliorer leur situation.
Aziz Achhou figure parmi ces jeunes ambitieux. Il a été l'un des bénéficiaires d'une session de formation du projet avec d'autres jeunes de Hay Mohammadi, avant de devenir à son tour le superviseur d'un atelier sur la photographie, la vidéo, l'écriture de scénario et le montage.
L'initiative de former les jeunes à la créativité constitue une opportunité pour libérer leur potentiel, construire leur avenir et continuer la marche en vue de généraliser l'expérience, souligne Aziz Achhou.
La motivation des jeunes à la créativité et l'investissement des moyens de communication pour transmettre des messages directs aux parties concernées dans la perspective de devenir une force de pression et une source d’incitation, constitue une base sur laquelle œuvre l'association «Relais prison-société" qui a observé à travers ses contacts avec les jeunes que ces derniers préfèrent l'action culturelle considérée comme le meilleur canal pour assurer l’épanouissement et c'est ce que Mustapha Maslak a relaté dans sa capsule vidéo qui a remporté le premier prix du concours et qui résume les revers et également les souhaits des jeunes de sa génération de saisir une opportunité pour accéder à un espace plus large qui valorise leurs rêves.