Prévues initialement le 14 février, les élections avaient été reportées au 30 mai par le gouvernement régional catalan en raison de la propagation de la pandémie liée au nouveau coronavirus avant que la justice ne décide, le 29 janvier, soit le jour du lancement de la campagne électorale, de revenir à la ligne de départ et fixer le scrutin au 14 février.
Gouvernée depuis 2015 par deux partis indépendantistes Ensemble pour la Catalogne (JxC) et la Gauche Républicaine de Catalogne (ERC), cette région du nord-ouest de l’Espagne est le scénario d’une lutte politique acharnée pour le pouvoir. D’autant plus que le président du gouvernement espagnol, le socialiste Pedro Sanchez, a décidé de « sacrifier » son désormais ex-ministre de la Santé pour présenter sa candidature comme tête de liste du Parti socialiste catalan.
Salvador Illa a dû quitter son poste en pleine troisième vague de la pandémie du nouveau coronavirus. Son objectif, partagé par tout le camp socialiste, est d’arracher la majorité aux partis politiques indépendantistes dans cette région de 7,5 millions d’habitants, une tâche qui s’avère compliquée mais pas impossible.
"Salvador Illa est l'homme dont la Catalogne a besoin maintenant. Il n'aspirait pas à être candidat parce qu'il était à la tête du ministère de la santé, mais il a accepté quand Miquel Iceta (ndlr : premier secrétaire du PSC) l'a proposé parce qu'il était le meilleur pour la Catalogne", avait expliqué Pedro Sanchez pour justifier la candidature de ce catalan de 55 ans qui a été le premier responsable de la gestion de la stratégie anti-Covid 19 en Espagne.
Malgré les critiques de l’opposition, notamment le Parti populaire (PP) et Vox accusant Pedro Sanchez de privilégier les intérêts politiques des socialistes au détriment de « la santé des citoyens » suite à la démission de Illa, le président du gouvernement n’hésitait pas à défendre son approche. « Les intérêts du pays sont au-dessus de tout le monde", a-t-il insisté à plusieurs reprises, assurant que la récupération de la Catalogne des mains des indépendantistes demeure et doit être la priorité politique de tout gouvernement ou parti politique.
Pour le chef des socialistes espagnols, le moment est venu pour mettre fin à "tous ces gouvernements pro-indépendance qui, pendant ces années, n'ont pas gouverné la vraie Catalogne", attribuant le départ de plusieurs entreprises de Catalogne vers d'autres endroits à la "mauvaise gouvernance" de JxC et ERC.
« Avec Salvador Illa, la Catalogne sera de nouveau ce qu'elle a été, une source de fierté pour son pays », a fait noter le président du gouvernement espagnol, appelant les électeurs à voter en faveur de l’union et la solidarité et non pas pour la séparation et la ségrégation.
Selon plusieurs politiques, la victoire Salvador Illa dans cette élection aux enjeux plus nationaux que régionaux, renforcera la position des socialistes sur l'échiquier politique, notamment suite aux critiques reçues dans la gestion de la crise sanitaire, et permettrait de déloger les indépendantistes au pouvoir.
Conscient du fait que l’indépendantisme perd du terrain en Catalogne dans les derniers sondages d’opinion, Pedro Sanchez pèse de tout son poids politique pour étendre le pouvoir des socialistes dans cette région du Nord-est du pays, bloquée depuis des années sur fond de tensions politiques.