Commerces et écoles contraints de fermer, voitures absentes, rues et places vidées de leurs promeneurs habituels, … un décor étrange qui s’empare depuis mardi des quartiers de Kigali, d’habitude si vivante depuis la levée d’un premier confinement en avril dernier.
Le Rwanda, qui avait été loué pour sa gestion efficace de la première vague épidémique, s’est retrouvé contraint d’imposer à nouveau un confinement total sur sa capitale après une "recrudescence alarmante" des cas de contaminations au coronavirus.
La flambée récente des infections et décès a principalement touché Kigali, qui représente 61% des contaminations enregistrées dans l’ensemble du pays depuis début janvier, selon les chiffres du ministère de la Santé. Ce pays de 12 millions d'habitants compte 11.548 cas de Covid-19 et 148 morts depuis le début de l'épidémie.
"Il y a de nouveau cette sorte d’angoisse et d’incertitude, ce sentiment que la ville est désertée", confie à la MAP Claud Rutagengwa, un chauffeur de taxi, dans une rue quasi-déserte durant ce qui aurait été l'heure des embouteillages.
"Ce deuxième confinement nous a surpris. On sait que la récente augmentation des cas positifs pourrait avoir des conséquences, mais on s’attendait surtout à une prolongation du couvre-feu ou un durcissement des mesures, pas à un reconfinement total", a-t-il ajouté.
Franc Uwenesa, un jeune étudiant, pense lui à la population plus à risque. "Nous les jeunes on peut se remettre, même si on peut se retrouver dans un lit de réanimation. Mais il faut penser aux personnes vulnérables. Les hôpitaux peuvent devenir vite saturé si on ne réagit pas".
"Il est évident qu’un second confinement, même s’il est désagréable, devait être imposé pour freiner cette propagation inquiétante du virus", a-t-il poursuivi.
Le gouvernement rwandais a annoncé, lundi soir au terme d’un Conseil des ministres, l’interdiction de tous les "mouvements non essentiels" dans et en dehors de la capitale pour une durée minimum de 15 jours. Tous les mouvements nécessitent désormais une autorisation de la police.
Le ministre du Gouvernement local, Shyaka Anastase, a promis des aides alimentaires aux populations vulnérables pendant le confinement.
"Que les Rwandais ne s'inquiètent pas d'avoir de quoi manger pendant les deux semaines à venir en raison de ce confinement. Les institutions sont là pour les aider", a-t-il assuré, appelant les Rwandais à craindre le virus et à faire preuve de vigilance.
Le Rwanda a été parmi les premiers pays africains à imposer un confinement total dès le début de la pandémie, en mars 2020. Le pays des mille collines a maintenu un couvre-feu nocturne, dont les horaires ont évolué en fonction de l'évolution de la situation épidémiologique, ainsi que des restrictions d'ampleur variable sur les transports, les commerces et les lieux de culte.