Dès samedi prochain, les premières injections seront administrées à travers le deuxième pays le plus peuplé de la planète qui prévoit dans un premier temps de vacciner 30 millions de personnels soignants et des catégories les plus exposées à la maladie.
Fière de son industrie pharmaceutique très développée, l’Inde, qui compte le plus grand fabricant de vaccins au monde en termes de volume à savoir le Serum Institute of India (SII), a assuré avoir déjà produit plus de 50 millions de doses du vaccin d'AstraZeneca et compte accélérer sa production pour aller jusqu'à 100 millions de doses par mois d'ici mars prochain.
En fait, le géant asiatique a récemment autorisé pour "une utilisation d'urgence" deux vaccins, l'Oxford-AstraZeneca produit par le SII, sous le nom de Covishield, et le Covaxin, inventé et développé localement par la société indienne Bharat Biotech.
Cependant, plusieurs observateurs ont soulevé des inquiétudes concernant l’opération de distribution, de sureté et de vaccination dans un pays qui fait face à de grands défis liés notamment à la logistique et aux infrastructures sanitaires à même d’accompagner la titanesque campagne de vaccination jamais organisée dans le pays.
Si l'Inde dispose de quatre "méga-dépôts" pour stocker les vaccins et les transporter vers les centres de distribution dans des véhicules à température contrôlée, l'ultime étape risque toutefois de révéler des contraintes difficiles à maîtriser.
Lors d'un récent exercice de simulation de vaccination dans l'Etat de l'Uttar Pradesh, où le mercure dépasse 40 C° en été, un employé du secteur de la santé a été observé alors qu'il transportait des boîtes de vaccin factice à bicyclette !
Des contraintes de sûreté, faisaient également surface après l’attitude sceptique de plusieurs parties en Inde sur l’efficacité de Covaxin.
"Notre travail n’était pas inférieur à celui de Pfizer", a réagi dans ce sens le directeur de Bharat Biotech, Krishna Ella.
"Covaxin a montré moins de 10% d’effets indésirables, tandis que d’autres ont présenté 60 à 70% d’effets indésirables. Je peux vous assurer que notre vaccin est sûr à 200%", a-t-il considéré.
Les déclarations de M. Ella interviennent alors que certains partis de l'opposition ont remis en question l'approbation «prématurée» des autorités indiennes du Covaxin de Bharat Biotech, soulignant que ce vaccin développé localement n'a pas encore achevé la dernière étape des essais cliniques humains.
Quoi qu’il en soit, le SII a déjà fourni, selon des médias locaux, quelque 11 millions de doses du Covaxin au gouvernement à 200 roupies (2,72 dollars) la dose.
Et comme c’était le cas lors de la distribution à grande échelle de l’hydroxychloroquine, l’Inde a décidé de suivre ce "modèle HCQ" pour distribuer ses vaccins Covid-19 dans le voisinage proche et au-delà, et ce après la satisfaction de la demande intérieure. Le médicament antipaludique était alors considéré comme l'un des pionniers de la prévention et du traitement anti-Covid.
Selon des sources officielles, l'Inde enverra une quantité limitée de vaccins Covid-19 aux pays voisins pour une "utilisation d'urgence" dans le cadre d’un programme de subventions, tandis que les approvisionnements commerciaux n'auront lieu qu'après l'obtention de l'autorisation de mise sur le marché des vaccins.
Le Bangladesh s'est engagé en novembre dernier avec le SII pour la fourniture de 30 millions de doses Covishield. Le Népal cherche à se procurer 12 millions de flacons en Inde, alors que le Bhoutan, le Myanmar et le Sri Lanka ont contacté New Delhi pour des vaccins indiens. Ce sont des pays auxquels le Premier ministre indien, Narendra Modi avait déjà promis de donner des vaccins.
Il convient par ailleurs de noter que ces pays voisins ne mettent pas tous leurs œufs dans un seul panier, car ils établissent toujours des contacts pour obtenir le vaccin avec la Russie et la Chine avec qui ils entretiennent pour la plupart d’excellentes relations.