Presque déserté depuis mars en raison de la pandémie de coronavirus, ce patrimoine ancestral que les Britanniques chérissent avec grand soin, fait face à des difficultés financières sans précédent.
En effet, les recettes des palais royaux inhabités dépendent essentiellement de l’argent récolté chaque année par les visiteurs. Au total, environ 4,5 millions de touristes se rendaient chaque année dans ces lieux chargés d’histoire pour découvrir cet héritage culturel abyssal laissé par les dynasties Tudor et Stuart.
Cette année, la majorité de ces sites ont été fermés en raison des mesures de distanciation sociale imposées par le gouvernement britannique afin d’éviter toute contagion par le virus qui s’est propagé d’une manière exponentielle parmi la population, faisant du Royaume-Uni le pays le plus endeuillé d’Europe, avec près de 50.000 décès.
Par ailleurs, l'organisme de bienfaisance britannique "Historic Royal Palaces" qui gère certains des palais royaux inoccupés du pays a annoncé son entrée en crise financière, après la fermeture de six palais aux visiteurs depuis la mi-mars.
Il s'agit notamment du célèbre palais de Hampton Court, dont la construction remonte au XVIe siècle. Ce château a vu passer de nombreux monarques, dont le célèbre roi Henry VIII, qui s’y est réfugié pour éviter la contamination par la peste.
Situé au sud-ouest de Londres, à un peu moins de deux heures de la côte de Folkestone, ce château comptait parmi les attractions touristiques les plus visitées d'Angleterre. La fermeture sans précédent de ce site, depuis que la reine Victoria l’avait ouvert aux visiteurs en 1838, pose un défi financier majeur.
La tour de Londres fut aussi parmi les six sites emblématiques fermés dans le cadre de la bataille contre le nouveau coronavirus. Situé au bord de la Tamise, ce joyau historique de la capitale britannique accueillait chaque année plusieurs millions de visiteurs.
Inscrite en 1988 comme Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’UNESCO, la Tour de Londres était utilisée plusieurs siècles en tant que résidence royale, avant de devenir successivement atelier de frappe pour la monnaie, ménagerie, observatoire et chambre du trésor et enfin, prison d’Etat sous l'ère des Tudors.
Parmi les autres sites concernés par cette fermeture, figurent également le château de Windsor, situé dans le comté de Berkshire à une trentaine de kilomètres de Londres, le Sandringham House, refuge hivernal de la Reine Elisabeth II, le château de Leeds et l'incroyable palace de style indien, Royal Pavilion.
Gardant portes closes depuis le début de la crise sanitaire, ces résidences n'ont rouvert au public qu'à partir du 23 juillet, mais avec des mesures plus strictes, qui découragent assez souvent les visiteurs de s'y rendre.
“Nous sommes totalement dépendants des revenus des visiteurs, c'est donc un très gros défi pour nous”, a déclaré à la presse la directrice du groupe des palais à Historic Royal Palaces, Nicola Andrews.
Actuellement, “seulement 64% des visiteurs proviennent de l'étranger et on ne prévoit pas que ce chiffre augmente bientôt!”, déplore-t-elle, ajoutant qu’elle s'attend à ce que les mesures de distanciation sociale imposées limitent considérablement les capacités d'accueil. Elle note par ailleurs que seulement 20% des touristes réguliers pourront se rendre dans les six palais historiques en 2020, soulignant que la capacité d'accueil permet à peine d’atteindre 20% jusqu'à 30% de visiteurs que d’habitude.
En effet, la pandémie qui a mis à l'arrêt l’économie britannique n’a pas épargné la maison royale. Le prince Charles, héritier de la couronne, a lui-même contracté le virus, alors les employés du palais de Buckingham craignent particulièrement d’être touchés par des suppressions d'emploi, dans un contexte économique assombri par la pandémie.
Selon le Daily Telegraph, le Royal Collection Trust, qui tient ses revenus des visites des palais royaux, s’attend à voir ses revenus s’effondrer de 63 millions de livres sterling, soit environ 70 millions d’euros, cette année.
Dans une note publiée par le quotidien conservateur, le Lord Chamberlain, qui dirige les services de la monarchie, souligne que le nombre de visiteurs risque de rester inférieur à la normale pendant plusieurs années.
Ainsi, la contribution aux finances royales du Royal Collection Trust, qui représente environ un cinquième des revenus de la couronne, sera considérablement réduite, selon lui. Il estime aussi peu probable que les économies résultant de la baisse des activités royales compensent en totalité la réduction anticipée des revenus.
En effet, les touristes souhaitant se rendre dans les palais de la Reine devraient réserver en ligne, afin d'éviter les longues files d'attente, mais les capacités d'accueil demeurent limitées en raison des mesures de distanciation sociale.
Pour compenser les pertes, la Royal Collection Trust compte proposer dans un premier temps un plan de départs volontaires aux employés. Elle prévoit aussi un gel de salaires et une consultation sur les cotisations de retraite, avec la possibilité d'entamer une structuration complémentaire.