Faute d’infrastructures adéquates, les poloïstes marocains prennent leur mal en patience dans l’attente de l’ouverture d’écoles réservées uniquement à la pratique du water-polo, séparément des autres disciplines liées à la natation.
"Sur une soixantaine de clubs de natation au Maroc, seulement une dizaine pratiquent le water-polo", a constaté, non sans amertume, le vice-président de la Fédération royale marocaine de natation, Aziz Alaoui Rachidi.
La cause est le manque d'installations dédiées au water-polo, a-t-il expliqué, en espérant voir ce sport bénéficier du développement que connait le Maroc en termes d'infrastructures.
"En tant que fédération, nous travaillons pour que cette discipline soit dissociée de la natation de course. Il faut créer des écoles de water-polo proprement dites", a-t-il confié à la MAP, notant qu’il s’agit de deux chemins différents.
Aujourd’hui, tous les poloïstes émanent de la natation, alors qu’ils devaient faire normalement leur parcours depuis le bas âge dans une école de water-polo, a dit M. Alaoui Rachidi, qui a recommandé de "rompre ce cercle et créer un chemin propre aux poloïstes".
L'infrastructure actuelle ne permet pas la réalisation de ce rêve, mais avec le développement des piscines dans toutes les villes du Maroc, il sera possible d’instaurer cette logique, a-t-il espéré.
M. Alaoui Rachidi a assuré que la fédération s’attelle à la mise en place de modules de formation dédiées aux écoles de water-polo, relevant que l'instance fédérale fournit un effort considérable afin de hisser le niveau du water-polo marocain, via les formations organisées au profit des entraineurs et les différents regroupements et stages de l'équipe nationale.
Les formations des entraîneurs sont déjà en cours depuis déjà quatre ans, a renchéri, de son côté, le Directeur technique national, Youssef Houat, faisant savoir qu'elles sont données sous l'encadrement d’un expert de la fédération internationale de natation. Le manque d'infrastructure adéquate demeure, toutefois, le seul obstacle devant le développement du water-polo au Maroc, a-t-il affirmé.
"Quand l'actuel bureau fédéral a pris ses fonctions en 2014, le championnat national de water-polo était au point mort pendant deux ans", a rappelé M. Houat, indiquant que l'objectif à l’époque était de mettre en place un projet de formation dédié aux jeunes.
"Nous nous préparons au lancement d’écoles fédérales dans trois villes, à savoir Casablanca, Fès et Rabat, lesquelles devaient ouvrir leurs portes en avril dernier, mais leur inauguration a été reportée en raison du covid-19", a-t-il dit, ajoutant qu’une quarantaine de jeunes (garçons et filles) âgés de 10 à 14 ans bénéficieront des formations dispensées par ces écoles.
La Fédération royale marocaine de natation a également accordé un intérêt particulier à la catégorie des U16 afin de préparer les poloïstes de l'avenir, a ajouté M. Houat, notant que dans la catégorie des U19, le Maroc s’était classé 3è dans le dernier championnat arabe tenu en 2019.
Par ailleurs, M. Houat s'est dit convaincu que les joueurs professionnels évoluant à l'étranger qui ont rejoint l’équipe nationale de waterpolo "aideront la sélection nationale à signer de bons résultats dans l’avenir".
Au Maroc, le bassin des compétitions (Georges Louis) de Casablanca a vu le jour en 1936. A partir de cette date, d'autres villes se sont dotées de leurs propres piscines, notamment Meknès, Fès, Rabat, El Jadida, Agadir et autres. A l'époque, le water-polo était un sport en vogue, d’autant plus que plusieurs joueurs français évoluaient dans les clubs marocains.
La section de water-polo du Wydad de Casablanca (WAC), créée en 1937 par feu Haj Mohammed Benjelloun, fut la première section du club casablancais. Le WAC, club le plus titré en water-polo, tant en championnat national qu’en coupe du trône, comprenait, pour la première fois à l'époque, des joueurs et des dirigeants marocains.
Avant l’indépendance, le championnat national était organisé par La ligue de natation, relevant de la Fédération française de la discipline avec des clubs dont la majorité des joueurs et dirigeants étaient des étrangers.
Durant cette période, plusieurs clubs pratiquaient le waterpolo. Outre le WAC, se sont illustrés notamment les clubs de l'Espoir nautique de Meknès, le Racing Casablanca, le Racing universitaire de Casablanca, l'Association Sportive Poste Téléphone Télégraphe de Casablanca (ASPTT), et le club nautique de Rabat.
Après la création en 1956 de la FRMN, sous la présidence d’Ahmed Ntifi, la majorité des poloïstes étrangers ont rejoint le Club des clubs de Casablanca. Parmi les meilleurs joueurs étrangers qui ont rejoint à cette époque le WAC, l’on peut citer notamment Driss Ladjadje, considéré sans conteste comme étant le fondateur du waterpolo moderne au Maroc. Grâce à lui, ce sport va connaître un grand essor au Maroc à la fin des années 1950, avec des changements majeurs sur le plan technico-tactique.
La première équipe du Wydad de Casablanca comptait dans ses rangs des joueurs talentueux à l’instar de Driss Zerrad, Ahmed Zaki, Mohammed Bennis, Hamid Sebti, Ahmed Yamani ou encore Abdellatif Alami.
Les meilleurs joueurs marocains qui s’étaient illustrés durant les années 1960 étaient, notamment, Bouchaib Belhoucine Islah, Abdelhadi Berrada, Taib Fechtali, Hamid Benhlal, Mustapha El Baz, avant que d'autres joueurs ne viennent porter le flambeau durant la décennie 1970-1980, à leur tête Abdelaziz Karouch.
Par ailleurs, la première participation internationale de l’équipe marocaine de waterpolo remonte à 1957, à l’occasion des Jeux arabes organisés au Liban.