En plein essor avant la pandémie, l'industrie touristique a vu partir en fumée de longues années de labeur, d'autant que Casablanca, chef-lieu de la région et locomotive de son développement, a été la ville marocaine la plus accablée par les mesures restrictives, seul moyen dont disposaient les autorités pour freiner l'enlisement de la métropole dans une situation épidémiologique incontrôlable.
A l'annonce du début du véritable déconfinement progressif (25 juin 2020), officiellement 2ème phase d'allégement qui a succédé à presque trois mois d'assignation à résidence collective, les professionnels ont affiché un optimisme très prudent, comme s'ils savaient ce qui les attendait plus tard. Ils ne pouvaient pas dissimuler leur désarroi face au climat d'incertitude qui semble s'installer sur le long terme.
Les restaurants et les cafés ont, certes, récupéré une partie de leur clientèle, mais le passif était difficile à éponger, conséquence de la chute libre des recettes et des retards de paiement des charges fixes (loyers, factures d'électricité et d'eau, créances des fournisseurs).
Les prémonitions des propriétaires et des ouvriers allaient se réaliser juste avant la fin de l'été, à la suite de la dégradation de la situation sanitaire dans la métropole, qui enregistrait, en août dernier, des chiffres records en termes de contaminations, de décès, de cas graves et d'hospitalisation.
Le Grand Casablanca est condamné au couvre-feu, aux restrictions de déplacement et au bouclage des clusters. La saison estivale est perdue et l'ardoise du tourisme ne faisait que s'alourdir. Plusieurs hôtels sont restés fermés ou fonctionnaient avec un nombre très réduit de leur personnel.
Déjà mis à mal par la réduction drastique de leur capacité d'accueil, les restaurants et les cafés se trouvent confrontés à des restrictions plus strictes pour l'heure de fermeture, ce qui a amené certains gérants à renvoyer un nombre d'employés et d'autres à mettre la clef sous le paillasson.
Les nombreuses piscines de la Corniche de Casablanca, fermées pour cause de nouveau coronavirus, n'ont pas pu recevoir les amateurs du petit bassin, payant le prix cher en ratant la saison.
Dans le cadre de la 2ème phase de l'allègement du confinement sanitaire, les autorités publiques ont décidé de maintenir ces établissements fermés, dans l'attente de l'amélioration des indicateurs épidémiologiques.
Grouillant de vie et de monde en temps normal, ces hauts lieux de villégiature ont sonné le glas cette année, au grand dam des habitués qui n'ont plus que les bons souvenirs pour conjurer le sort, tout en maudissant le pernicieux virus.
Les commerçants n'ont pas été mieux lotis que les professionnels du tourisme et des services. En un mot, nul n’a échappé aux effets dévastateurs du Covid-19. Plusieurs commerçants ont décidé de fermer boutique dans l’attente de voir plus clair, tandis que d’autres peinent à récupérer leurs marchandises bloquées au port, étant dans l’incapacité de s’acquitter des taxes douanières.
Au marché de Korea, haut lieu de la négoce au niveau national, il était aisé de constater que la fréquentation et la frénésie ne sont plus pareilles. Entre mesures restrictives et appréhensions des potentiels clients, les commerçants, toutes tailles confondues, prennent leur mal en patience et prient pour la fin de cette calamité.
Les quelque 2.500 commerces de la place sont accablés par une chute substantielle de leur chiffre d’affaires et des stock de marchandises importées n’ayant pas trouvé preneur, essentiellement les produits alimentaires dont la date de péremption s’approche à grande vitesse.
Les trois mois de confinement décrétés au Maroc, quoique nécessaires dans le combat contre la pandémie, ont porté un coup dur aux commerçants, dont beaucoup se sont retrouvés avec de grandes quantités de marchandises importées entre les mains.
A une époque pas lointaine, l’affluence était remarquable, notamment lors des vacances scolaires, des fêtes et même les week-ends, atteignant jusqu’à 100.000 clients les samedis et dimanches, et chacun trouvait chaussure à son pied à des prix compétitifs.
En tant que principaux pourvoyeurs d'opportunités d'emploi dans la région, les professionnels du tourisme et du commerce gardent toujours l'espoir de pouvoir rebondir après cette crise. Leur survie est cruciale à la pérennité de la métropole et aux efforts déployés pour tourner cette page douloureuse.