Avec environ 7300 cas confirmés et 63 morts depuis le début de l’épidémie pour une population de 12,5 millions d’habitants, le Rwanda, l’un des pays les plus densément peuplés d’Afrique, a tenu à mettre en place des mesures des plus drastiques pour éviter tout scénario rocambolesque: Un confinement total remplacé aujourd’hui par un couvre-feu nocturne, réduction de la capacité des lieux de travail, fermeture de lieux de loisir ou de convivialité, annulation des évènements et conférences …
Les mesures de prévention et de couvre-feu prolongées pèsent très lourdement sur l’économie et les ménages les plus vulnérables. Les secteurs du tourisme évènementiel et des conférences, sur lesquels le Rwanda avait misé ces dernières années, sont aujourd’hui en grande difficulté: Près de 80 conférences et évènements prévus dans la capitale rwandaise cette année ont été reportés ou annulés, représentant un manque à gagner de 80 millions de dollars, d'après l’Office rwandais des conférences.
Selon les prévisions du ministère rwandais des Finances et de la Planification économique, la croissance économique du Rwanda devrait enregistrer une baisse inédite cette année, passant de 9,4% en 2019 à seulement 2% en 2020.
Pour financer une hausse de 7,5% des dépenses prévues au cours de l’exercice fiscal 2020-2021, le gouvernement envisage d’emprunter plus de 820 millions de dollars auprès d’investisseurs étrangers.
Dans son dernier rapport sur la situation économique nationale, la Banque centrale du Rwanda a averti que la pandémie a entraîné un ralentissement significatif de l'économie, principalement dans les secteurs des services et de l'industrie qui représentent des moteurs incontournables de l’économie rwandaise.
Un autre défi de taille imposé par la pandémie est celui du chômage, dont le taux a connu une hausse vertigineuse après la fermeture forcée de nombreux secteurs de l'économie au cours du premier semestre. Selon un récent rapport de l'Institut national des statistiques du Rwanda (NISR), le taux de chômage a presque doublé entre février et mai, passant de 13,1% à plus de 22% durant cette période.
Le ratio emploi-population (EPR) a, de son côté, passé de 48,3% à 43,0%, d’après le rapport de NISR qui relève que la hausse du taux de chômage a entraîné une croissance importante du secteur informel.
Pour financer la balance des paiements, les besoins budgétaires urgents du pays et limiter la baisse des réserves internationales, le gouvernement a dû faire appel au Fonds monétaire international (FMI) pour bénéficier d’un financement d'urgence.
Au cours des derniers mois, le FMI a accordé au Rwanda un soutien de 220,46 millions USD. Ce financement devrait, selon l’institution, contribuer à atténuer les pressions liées à la pandémie de Covid-19 sur le commerce, le tourisme et les réserves de change, et à fournir des "ressources indispensables" aux dépenses de santé ainsi qu'aux entreprises et aux ménages touchés par la crise.
Afin d’accélérer la relance de l’économie et préserver l’emploi, la Banque centrale du pays a également pris des mesures courageuses, notamment en fixant le taux directeur à 4,5% pour encourager les banques à prêter aux particuliers et aux entreprises, notamment les PME.
Pour ce qui est de la gestion de la situation épidémiologique, le Rwanda a misé sur une politique volontariste en termes de test et de traçage. En seulement quelque mois, le centre Biomédical Rwandais est passé d’une capacité de 300 à environ 7.000 tests par jour, et prévoit d’atteindre les 10.000 tests. Les cas positifs sont directement emmenés dans des centres de traitement dédiés séparés du système de santé national.
Le pays est-africain a également choisi la technique du "pool testing" qui permet, en mélangeant plusieurs échantillons dans un tube unique lors du test PCR, d’obtenir les résultats plus rapidement en réduisant drastiquement les coûts. Une méthode qui ne fonctionne cependant que dans les zones où la prévalence du virus est faible.
Afin d’accompagner les efforts du gouvernement destinés à limiter les effets dévastateurs de la pandémie, la société civile rwandaise s’est mobilisée comme jamais auparavant. Une profusion d'initiatives à caractère social et humain ont vu le jour tout au long de l’année 2020 avec pour objectif principal : apporter de l'aide aux familles démunies à travers notamment la distribution de denrées alimentaires de première nécessité.